Pense-t-on à la retraite à 30 ans ?

Aux alentours de 30 ans, la carrière professionnelle est à peine lancée, le quotidien est bien occupé, les projets d’enfants commencent parfois à se manifester. Pourtant, le cap de la trentaine semble être un moment opportun pour commencer à réfléchir à ses vieux jours, dans un contexte où l’âge de départ à la retraite s’allonge et où l’obtention du bon nombre de trimestres n’est pas toujours évidente. Témoignages de trentenaires qui prévoient (ou pas) leur vie après 65 ans.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

So press
Rédaction So Press

Avec SoPress, la Macif a pour ambition de raconter le quotidien sans filtre.

« Au moment de la réforme des retraites, j’ai commencé à m’inquiéter pour mon avenir et je me suis penché sur le sujet. Pour l’instant, je commence petit à petit à épargner sur un compte dédié. Mon banquier m’a renseigné sur le PER (Plan Épargne Retraite) et j’envisage d’en ouvrir un dès que j’aurai signé un CDD ou un CDI l’été prochain », avoue Bruno, 29 ans, alternant en RSE. Ce Toulousain fait partie d’une grande majorité de jeunes actifs qui estiment qu’ils devront épargner par eux-mêmes pour financer leurs vieux jours.

D’après les chiffres du cinquième Baromètre de l’épargne en France et en régions, réalisé par l’Ifop, l’intention des Français de souscrire un PER est en progression significative sur trois ans. 37 % des Français interrogés déclarent avoir l’intention de souscrire un PER contre 28 % en 2021. Les trentenaires semblent bel et bien les plus inquiets et les plus concernés quand on voit que 60 % des moins de 35 ans ont l’intention de souscrire un PER pour bénéficier d’une rente viagère ou d’un capital à leur retraite, contre seulement 29 % des 35 ans.

En témoigne également le slogan « Pas de retraité.es sur une planète brûlée… Retraites, climat, même combat ! », scandé par la jeune génération lors des manifestations contre la réforme des retraites. « On est assez incertains sur le devenir de nos pensions retraite. Je suis assez pessimiste, on en bénéficiera encore plus tardivement. C’est important d’y penser le plus tôt possible », se désole Bruno.

Miser sur les produits financiers… et l’immobilier

Antoine*, parisien et père de famille de 35 ans, fait partie de ceux qui n’ont pas perdu de temps en commençant à placer de l’argent pour anticiper sa retraite et financer les futures études de ses filles. « Il y a trois ans, avec ma femme, on a ouvert deux comptes PER, deux comptes PEA (Plan Épargne en Actions) et deux assurances vie avec une trentaine d’enveloppes. Le but est de faire de l’épargne, de constituer un patrimoine et de bénéficier d’une déduction au niveau de l’impôt sur le revenu. Tout cela corrélé au fait que nous avons des incertitudes quant au système actuel de retraite par répartition, confie-t-il. Lorsque je suis rentré en France en 2020, après avoir travaillé six ans en Suisse, j’ai dû entamer toutes les démarches de changement de régime et donc réfléchir à l’avenir de mon patrimoine. En parallèle, j’ai monté ma boîte dans le milieu de l’innovation et du sport et via celle-ci, je dépose 3 600 euros par an sur mon compte PER. Ma femme, elle, dépose 4 000 euros. Nous atteignons tous les deux nos plafonds. » Si Antoine n’a pas encore de résidence principale, il a déjà investi avec son épouse dans l’immobilier en achetant deux appartements, aujourd’hui mis en location. Signe que le couple mise aussi sur l’immobilier, en plus des produits financiers, pour préparer sa retraite.

Avoir un travail stable comme priorité

Mais ce genre d’investissement est loin d’être à la portée de tous les Français. Nombre d’entre eux ne parviennent même pas à épargner à la fin du mois. C’est le cas de Remy, 28 ans, qui est sur le point de terminer son CDD saisonnier en restauration dans une station balnéaire du Sud-Ouest. « À mon âge, j’ai d’autres préoccupations que celle de penser à la retraite. Comme avoir un boulot stable, louer un appartement à prix raisonnable, voyager, peut-être acheter un appartement plus tard. » Aussi, le jeune homme, incertain sur son avenir, avoue ne pas avoir encore trouvé sa voie professionnelle. « La restauration n’est qu’un travail alimentaire à court terme uniquement pour payer mon loyer. Et puis mon salaire actuel ne serait pas assez suffisant pour pouvoir mettre de côté pour la retraite. Je n’arrive pas encore à me projeter dans quelques années, donc il m’est impossible de me projeter à l’âge de la retraite. Et puis, je ne connais rien à toutes ces démarches », justifie-t-il.

Anticiper le budget logement

Arthur*, 28 ans, consultant fonctionnel en informatique originaire du Sud-Ouest, a quant à lui eu la chance et les moyens de lancer un premier investissement. Avec sa conjointe, ils viennent d’acquérir une maison sur plan – leur résidence principale – dans les Landes « pour ne plus avoir à payer de loyer dans 25 ans ». « On projette d’acheter plus tard un autre appartement qu’on louera et qui complétera ma retraite précaire, sachant que j’espère arrêter de travailler avant l’âge légal », explique-t-il. Un autre projet pour anticiper l’avenir ? « Pourquoi ne pas épargner pour racheter des trimestres ? », suggère Arthur. Une solution envisageable quand on sait qu’une fois à la retraite, le budget logement moyen d’un Français correspond à 38,4 % des finances de son ménage.

Compenser le montant des pensions

Laura*, une journaliste parisienne de 36 ans, a récemment estimé sur un site le montant de sa retraite. « Les chiffres étaient terrifiants. Ils indiquaient que je devais travailler jusqu’à 67 ans pour avoir ma retraite à taux plein à hauteur de 1 400 euros par mois. Je me suis imaginée finir isolée et précarisée. Ce n’est pas mon genre de m’inquiéter pour mon avenir, j’ai tendance à être assez sereine. Mais j’ai réalisé qu’à 67 ans, on ne peut plus rebondir », remet-elle. Alors, avec une amie, elles ont eu l’idée de fonder une SCI pour acheter ensemble un appartement pour un investissement locatif, autour de villes étudiantes. « Le but est que cet appartement soit remboursé assez vite, avant d’en acheter un second, pose-t-elle. D’ici une trentaine d’années, on souhaiterait revendre ces deux biens pour nous acheter nos propres appartements et être à l’abri pour nos vieux jours. »

 

*Les prénoms ont été modifiés

Vous vous demandez comment préparer votre retraite ?

Avec le guide retraite, la Macif vous propose des conseils selon votre tranche d'âge et vos projets.

Nous avons aussi séléctionné pour vous

Thématiques associées : Jeunes Travail

Article suivant