Quel regard des jeunes sur la voiture aujourd’hui ?

Symbole de liberté pour les uns, machine ultra-polluante pour les autres, la voiture divise, en particulier à l’heure de l’urgence écologique. Pourtant, l’automobile reste encore le moyen de transport privilégié des Français. Qu’en dit la nouvelle génération de conducteurs ? Que leur rapport à ce véhicule est complexe, quasi un amour vache.

Mis à jour le 07/03/2024

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Rédaction SoPress

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Il y avait 38,9 millions de voitures sur les routes de France au 1er janvier 2023. Un chiffre donné en novembre dernier par le ministère de la Transition écologique dans une étude sur l’utilisation des véhicules sur le territoire. Parmi les conducteurs, on retrouve un nombre important de jeunes nés après l’an 2000, la majorité des permis B français étant délivrés aux moins de 20 ans, d’après l’institut Statista.

Entre envie et praticité

« On entend souvent que les jeunes n’aiment plus la voiture alors que c’est faux. La réalité est plus complexe que cela », assure Hervé Marchal, sociologue et co-auteur de l’ouvrage collectif Les jeunes au volant (Erès, 2022). Théo, 20 ans, ne peut qu’acquiescer. Cet étudiant en architecture à Vaulx-en-Velin (Rhône) se dit « soucieux de [son] empreinte écologique », mais utilise parfois son véhicule hybride pour se rendre à l’école, pourtant située à dix minutes à pied. « C’est plus facile lorsque j’ai de grosses maquettes à transporter, se justifie-t-il. Je culpabilise, mais je me rassure en me disant qu’au moins, je roule en électrique. »

La dimension utilitaire et la praticité sont des raisons largement invoquées par les jeunes conducteurs pour expliquer leur utilisation de la voiture : 63 % d’entre eux s’en serviraient principalement pour travailler ou étudier, d’après un sondage YouGov pour L’Obs publié en 2020. Sans surprise, les chercheurs constatent des rapports différents à la voiture entre les territoires. D’après Hervé Marchal, également professeur à l’université de Bourgogne (Lab. LIR3S), les jeunes des milieux ruraux et périurbains restent extrêmement attachés à leur véhicule, contrairement à leurs homologues « urbano-centrés », plus enclins à s’opposer radicalement à la voiture, aux 4x4 en ville ou à l’autosolisme (pratique solitaire de la conduite). « Simplement parce qu’ils ne vivent pas la même réalité et n’ont pas le même usage de la voiture au quotidien », souligne le sociologue.

Un habitat à soi

Le sondage YouGov montre aussi que 34 % des 18-24 ans associent l’automobile au mot « liberté ». Outil privilégié des premières vacances sans parents, moyen de partir où l’on veut, quand on veut, sans contrainte de temps… La voiture est le premier mode de transport pour les départs en voyage, selon un sondage Ipsos effectué en mai 2023 auprès des 18-34 ans. « Avoir sa première voiture représente une étape identitaire importante, confirme Hervé Marchal. Je peux organiser mon quotidien comme je l’entends, je m’affirme davantage en conduisant. » Le sociologue pousse l’analyse en comparant ce véhicule pas comme les autres à un habitat : « Un espace dans lequel on passe du temps, que l’on va s’approprier, qui va accueillir nos affaires, dans lequel on connaîtra peut-être l’amour pour la première fois », énumère-t-il. De son côté, le jeune Théo vit la conduite comme une pause, « un moment relaxant où il n’y a rien d’autre à faire que penser ».

Un coût élevé qui entraîne un nouveau rapport à la propriété

Reste que ce mode de transport coûte cher – 35 474 euros en moyenne pour un véhicule neuf, sans compter le carburant, l’assurance, la carte grise, l’entretien et d’éventuelles réparations. Si Théo s’estime chanceux que sa mère prenne en charge la plupart des coûts, il compte tout de même une dépense de 40 à 60 euros par plein, à raison de deux par mois, en n’utilisant son véhicule qu’un week-end sur deux pour rentrer au domicile familial situé à 50 km de son studio. La somme peut paraître dérisoire, mais engloutit en réalité une grosse partie de son budget d’étudiant. « Si je devais tout payer seul, je ne garderais pas la voiture. C’est un luxe d’en avoir une », reconnaît celui qui a passé son permis à 17 ans, en conduite accompagnée.

Quand il ne rentre pas chez sa maman, le Vaudais s’en sert surtout pour partir en vacances avec les copains. Le covoiturage est alors la meilleure option pour répartir les frais et réduire l’impact écologique du trajet. « Le rapport à la propriété est en train de changer, analyse Hervé Marchal, qui prévoit l’essor des voitures partagées ou des locations de courte et longue durée dans les prochaines années. Plutôt qu’un véhicule à proprement parler, on achètera du service, de la tranquillité, du temps. » Que ferait Théo s’il ne pouvait plus utiliser sa voiture ? « Je ne chercherais pas à la remplacer. Ce serait l’occasion de changer mes habitudes, même si les alternatives sont moins confortables », promet-il tout en espérant qu’un jour, les voitures seront « 100 % vertes ».

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