Comment devenir agriculteur bio (sans se planter) ?

Locomotive d’un secteur en crise, l’agriculture biologique est en pleine croissance en France comme partout en Europe (1). Plus respectueuse de l’environnement mais aussi plus rentable (2), elle attire les agriculteurs expérimentés comme les nouveaux talents. Le bonheur est-il dans
la ferme bio ?

Temps de lecture : 8 min

En baisse constante depuis les années 1980, le nombre d’exploitations agricoles en France reflète la crise profonde qui traverse le secteur. (3) Travail difficile, peu rémunérateur, isolement des agriculteurs… Les candidats au titre de chef(fe) d’exploitation ne se bousculent pas à la porte. À contre-courant de ce tableau morose, il existe pourtant une filière dont la croissance à deux chiffres (1) attire les vocations : l’agriculture biologique, soit une agriculture ne faisant pas usage de pesticides ni d’engrais chimiques. Il faut dire que le bio ne manque pas d’arguments, avec des surfaces plus petites et une rentabilité supérieure aux fermes conventionnelles, en particulier dans les domaines du maraîchage, de la viticulture et de la production de lait de vache. (2)

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Se lancer dans l’agriculture bio, comment faire ?

Vous aimez la nature et le grand air, et gérer votre propre entreprise ne vous fait pas peur ? Vous avez toutes les qualités requises pour devenir agriculteur bio ! Seul(e), avec des associés, avec ou sans salariés, vous devrez d’abord définir votre projet, choisir un statut juridique (SCEA, GAEC, EARL, etc.) pour votre exploitation et, bien sûr, vous former.

Une fois affilié(e) au régime MSA (Mutualité sociale agricole, la sécurité sociale des agriculteurs), et les certifications bios obtenues, vous intégrerez alors la grande famille des agriculteurs biologiques français qui compte près de 156 000 personnes salariées et chefs d’exploitation (4). Maraîchage, viticulture, élevage, horticulture… Vos productions répondront au cahier des charges exigeant de la filière bio qui interdit les pesticides et engrais chimiques de synthèse, bannit les OGM et veille au respect de la santé et du bien-être animal.

Le saviez-vous ?

La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient des initiatives en faveur de l’agriculture biologique.

2 Les formations continues en agriculture biologique

Vous avez 30 ou 40 ans et envisagez une reconversion dans l’agriculture bio ? Plusieurs parcours de formation s’offrent à vous, à commencer par la plupart de celles disponibles en formation initiale comme le BEPA (Brevet d’études professionnelles agricoles), le bac technologique STAV (Sciences et technologies de l’agronomie et du vivant), le BTSA (Brevet de technicien supérieur agricole) ou encore les diplômes d’ingénieur agricole ou d’agronome (ENSAIA Nancy, AgroParisTech, ENSAT Toulouse, etc.). Mais pour devenir votre propre patron, vous devrez passer le BPREA (Brevet professionnel de responsable d’exploitation agricole) qui, lui, n’est accessible qu’en formation continue et permet de se former spécifiquement à la mise en place et à la gestion d’une exploitation. Il est nécessaire pour s’installer en tant qu’agriculteur.

Si vous êtes déjà agriculteur et que vous souhaitez passer au bio, un parcours spécifique d’environ deux à trois ans est nécessaire, à la fois pour vous former et pour transformer votre exploitation. Les Chambres d’agriculture proposent un accompagnement spécifique sur toute la durée du processus, depuis les débuts du projet jusqu’à la demande d’aides spécifiques à l’agriculture bio.

1 agricultrice bio sur 3

l’est devenue suite à une reconversion professionnelle. (5)

3 Le CPF pour financer sa formation agricole

Quel que soit votre niveau de formation, vous pouvez dans certains cas bénéficier d’aides pour financer votre cursus, en particulier si vous êtes en reconversion. Le Compte personnel de formation (CPF) et le Droit individuel à la formation (DIF) sont des comptes qui permettent de financer la formation continue des adultes.

Bon à savoir

D’autres financements peuvent exister en fonction des situations. Renseignez-vous auprès du CIO, de la Chambre d’agriculture et des établissements visés.

4 Obtenir les labels bios

Condition sine qua non pour prétendre à l’appellation bio : obtenir les certifications en bonne et due forme. Délivrées par des organismes indépendants agréés et spécialisés, elles attestent que les modes de production répondent au cahier des charges de l’agriculture biologique, en particulier :

  • l’absence d’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques de synthèse (issus de la chimie industrielle) ;
  • l’exclusion des semences et organismes OGM ;
  • le respect du bien-être et de la santé animale.

Quelles sont les principales certifications bios ?

Le label AB (agriculture biologique) : c’est un label français qui atteste qu’un produit est 100 % bio ou transformé à base d’au minimum 95 % d’ingrédients produits en bio.

Le label bio européen ou « Eurofeuille » : il certifie que les produits étiquetés sont composée au moins à 95 % de produits agricoles biologiques.

Label Agriculture Biologique (AB)

Comment obtenir les certifications bios ?

Étape 1 : signaler l’activité de l’exploitation auprès de l’Agence bio, organisme public en charge du développement et de la promotion de l’agriculture biologique en France.

Étape 2 : choisir un organisme certificateur agréé. Le choix peut notamment être basé sur le prix, car la certification est payante. Il peut donc être intéressant de demander un devis auprès de plusieurs organismes pour comparer. Une fois le choix arrêté, vous pouvez signer le contrat. Les prix varient en fonction du type de production et sont généralement compris entre 300 et 800 euros.

Étape 3 : l’exploitation est visitée par le contrôleur qui procède à toutes les vérifications nécessaires. Si tout est bon, la certification est délivrée et l’agriculteur peut utiliser le label AB et/ou Eurofeuille sur ses produits.

Étape 4 : des contrôles réguliers sont effectués par la suite pour attester que le cahier des charges bio est respecté sur la durée.

Bon à savoir

Combien de temps faut-il pour décrocher ces labels ?

Tout dépend si on se lance directement en bio ou s’il s’agit d’une conversion. Dans le premier cas, la certification n’est pratiquement qu’une formalité. Mais en cas de conversion, le délai minimal réglementaire est de deux à trois ans, le temps que les sols se purgent des anciens pesticides chimiques.

41 600

exploitations bios sont recensées en France en 2019. (4)

5 Les aides financières pour l'agriculture bio

Les chefs d’exploitation peuvent bénéficier de plusieurs types d’aides pour leur installation en bio ou leur reconversion. Les deux plus courantes sont la SAB M (Soutien à l’agriculture biologique en maintien) et la SAB C (Soutien à l’agriculture biologique en conversion). Ces aides sont soumises entre autres à l’obtention des certifications biologiques. Vous pouvez consulter les critères d’attribution et les montants sur le site du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Pour faire une demande, il suffit de remplir le formulaire correspondant sur le site de l’Agence bio.

Bon à savoir

Il existe de nombreuses autres aides à la conversion ou au maintien en agriculture bio. Renseignez-vous auprès des Chambres d’agriculture et en ligne pour faire vos demandes.

6 L'agriculture raisonnée : un métier plus accessible que le bio ?

L’agriculture raisonnée est un mode de production qui met l’accent sur la protection de l’environnement et le bien-être animal. Moins contraignante que le bio, l’agriculture raisonnée recherche le bon équilibre entre productivité et durabilité. Promue par le FARRE (Forum des agriculteurs responsables et respectueux de l’environnement) jusqu’en septembre 2018, elle ne fait l’objet d’aucun label officiel en tant que telle. Il existe en revanche une Certification environnementale d’État, spécifique aux exploitations agricoles. Elle est répartie en plusieurs niveaux, dont le plus élevé (Haute Valeur Environnementale) valide des bonnes pratiques relatives à la biodiversité, à l’utilisation des engrais et pesticides et à l’irrigation. La certification HVE est souvent considérée comme une première étape vers la certification bio.

L'Essentiel de l'article
  • Le nombre d’exploitations bios en France était en augmentation de 13 % en 2018. (1)
  • Il existe deux façons de devenir agriculteur biologique : soit en suivant une formation initiale ou continue pour s’installer directement, soit en convertissant son exploitation d’agriculture conventionnelle au bio.
  • Les certifications biologiques sont délivrées par des organismes agréés par l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité).

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