Clichés sur les fratries : vrais ou faux ?

Des jumeaux trop fusionnels, un benjamin favorisé par les parents, un aîné plus responsable que les autres et l’enfant du milieu pris en sandwich dans la fratrie… Même si chacun a sa place au sein des fratries, les étiquettes ont la vie dure. Mais ces préjugés sont-ils véridiques ?

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Rédaction SoPress

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À Colmar, chez Céline, 41 ans, l’arrivée il y a dix ans d’Elsa et Arthur, des faux jumeaux, a tout chamboulé dans l’équilibre créé entre Manon, son aînée et Lucas, le benjamin. « On est passé de deux à quatre enfants. Ç’a été un peu un choc, surtout pour Manon », confie la maman. Aujourd’hui âgée de 16 ans, Manon, lui reproche, dans « ses moments de colère », de ne pas s’être arrêtée à deux.

De nombreuses études plus ou moins scientifiques

De son côté, Lucas, 4 ans à l’époque, a plutôt bien vécu d’endosser un nouveau rôle et perdre son rang de benjamin, souvent considéré comme étant la place du favori et se retrouver dans la position la plus délicate selon les préjugés : l’enfant du milieu. « Il n’a ni la place de l’aîné ni celle du petit dernier et peut très vite avoir l’impression qu’on le prive de sa place », constate Elena Goutard, coach parentale et familiale, autrice de Mon p’tit cahier. Frères et sœurs aux éditions Solar, coécrit avec Élodie Gossuin. Ici, dans la famille de Céline, c’est plutôt Manon, l’aînée qui a été la plus perturbée. De quoi déjouer les pronostics ?

Si plusieurs comportements au sein des fratries font l’objet de myriades d’études plus ou moins scientifiques, comme le fait que l’aîné soit le plus intelligent, que les fratries de filles soient plus fusionnelles que les garçons ou l’influence du caractère selon le rang de l’enfant, les stéréotypes sur les fratries ne se vérifient pas tout le temps. Lors de ses consultations avec des parents d’ailleurs, Elena Goutard a tendance à ne pas aborder ces préjugés pour « éviter d’engendrer de l’inquiétude, à un endroit où ils ne se posaient même pas de questions ».

Des jumeaux fusionnels, oui mais…

À la maison, Céline se rend bien compte que le lien entre ses enfants est unique et ne répond pas vraiment aux préjugés qu’elle lit et entend régulièrement. Ses jumeaux sont peut-être « très complices », mais ne s’enferment pas dans leur relation et « ont tissé des liens très fort avec leur frère et leur sœur ». Céline n’aime pas « utiliser le terme “chouchou” » quand elle parle du traitement réservé à ses derniers-nés, mais concède volontiers qu’elle et son mari ont été « très souvent accaparés par eux, dès la naissance, parce qu’ils étaient plus fragiles ». Déjouer des attitudes stéréotypées passe aussi par la manière dont les enfants sont éduqués. « On pourrait dire que les garçons sont plus bagarreurs et cherchent davantage le conflit. Moi, avec mes quatre garçons, j’ai de quoi déjouer les idées reçues : ils sont très fusionnels », déroule Elena Goutard.

Des étiquettes néfastes

Manon, elle, « fait très attention à ses cadets et est hyper responsable », admet Céline. Dès lors, elle respecte son étiquette d’aînée. Toutefois, que l’aîné endosse le rôle de deuxième parent peut s’avérer néfaste pour le bon équilibre de la famille : « Généralement, les enfants n’aiment pas être commandés par un autre enfant quand les parents ne sont pas là. Quelque part, les aînés vont endosser un rôle qui n’est pas le leur, insiste Elena Goutard. C’est aux parents d’intervenir et d’expliquer les règles et les limites pour éviter que l’aîné devienne un petit chef. »

La coach parentale et familiale rappelle d’ailleurs que même si certains « clichés se vérifient » et « partent d’une vérité générale », ils diffèrent en fonction des foyers, de l’éducation. « On va transmettre certains traits, mais tout reste assez relatif en fonction des tempéraments », conclut Elena Goutard.

L'Essentiel de l'article
  • Les préjugés sur les caractères des enfants en fonction de leur rôle dans la famille ne sont pas des vérités générales, puisque chaque enfant, chaque famille est unique.
  • De nombreuses études menées avec plus ou moins de rigueur scientifique observent tout et n’importe quoi au sujet des dynamiques des fratries : attention à ne pas se laisser berner.

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