HPI, HPE, TDAH, TSA : ces acronymes liés aux comportements des enfants

HPI, HPE, TDAH, TSA… Que signifient ces acronymes de plus en plus associés aux comportements de vos enfants ? Faut-il nécessairement consulter pour recevoir un diagnostic ? Éclairage avec trois spécialistes de la psychologie de l’enfance et des troubles du comportement.

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À la maison, votre enfant est un peu turbulent, à l’école, il s’ennuie. Il a peut-être du mal à gérer ses émotions. En cherchant des explications à son comportement, vous avez probablement conclu que votre enfant était atteint par un des troubles de plus en plus démocratisés dans les bouches des nombreux parents. Qu’il s’agisse du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), du trouble du spectre autistique (TSA), du haut potentiel intellectuel (HPI) ou émotionnel (HPE) : tous ces acronymes peuvent être regroupés au sein des troubles du comportement et plus largement du spectre de la « neuroatypie », c’est-à-dire ceux dont le fonctionnement cognitif diffère.

Ne pas tout mélanger

Pourtant, tous ne se valent pas. Selon Nadège Rocher-Labarbe docteure en neurosciences, biologiste du comportement, psychologue de l’enfant et maîtresse de conférence en psychologie à l’Université de Caen-Normandie, il faut veiller à ne pas tous les mettre au même niveau, car « la réalité clinique n’est pas la même ». D’un côté, le TDAH ou le TSA sont scientifiquement valides, évalués avec des traits cliniques. De l’autre, le HPE correspondrait davantage, avertit Nadège Roche-Labarbe « à un besoin de qualifier des problèmes, rassurant puisque cela porte un nom, mais n’est pas lié un trouble du développement. Aucun clinicien ne sera en mesure de poser un diagnostic ». Cependant, l’hypersensibilité émotionnelle sous-entendue chez les HPE figure « généralement dans le TSA ou le TDAH, même s’il ne fait pas encore partie des critères de diagnostic », ajoute Maeva Rolin, psychologue clinicienne spécialisée en neuropsychologie et autrice de Diagnostic des troubles du neurodéveloppement chez l’adulte (2021, éditions Mardaga).

L’HPI, lui, se repère via des tests de quotient intellectuel comme le WISC-5 et n’est pas à mettre au même rang non plus. « Être HPI, c’est un point fort. Ces personnes vont avoir une meilleure réflexion que les autres et n’iront en règle générale pas consulter, observe Nadège Roche-Labarbe. Cela devient embêtant si c’est associé à d’autres troubles, comme les troubles anxieux. » En termes de statistique, seulement 2,3 % des enfants seraient intellectuellement précoces.

Un diagnostic pas forcément obligatoire

Dès lors, faut-il forcément passer par la case du diagnostic ? Surtout pour les enfants HPI, le diagnostic est à « double tranchant », observe Nadège Roche-Labarbe. Car le quotient intellectuel « évolue avec l’âge. Une fois adultes, ces enfants pourront ne plus être HPI ». Un constat partagé par Maryse Corbet, psychologue clinicienne à la Maison des adolescents de la Manche qui ajoute qu’il n’est « pas forcément nécessaire de mener des tests de QI très cher, notamment si l’enfant ne rencontre pas de mal-être particulier, car cela peut être enfermant ».

Vigilance sur l’autodiagnostic

Chercher à tout prix à poser une étiquette, parfois sans consulter, peut s’avérer néfaste pour le développement de son enfant et « fermer la discussion sur ce qu’il y a derrière un enfant agité ou perturbé », considère Maryse Corbet. Et ce, même si cela peut rassurer les parents. « Ça ne nous viendrait pas à l’idée de faire un autodiagnostic de cancer, compare Maeva Rolin. Le TDAH n’est pas juste un enfant qui passe son temps à grimper aux arbres, ce n’est ni une mode ni un trouble facilement identifiable. »

Il est également nécessaire de faire la part des choses, surtout dans les cas où l’enfant se pose des questions. « Je vois beaucoup d’adolescents venir consulter, car ils pensent être de troubles autistiques, partage Maryse Corbet. Il y a souvent derrière une recherche d’identité et une souffrance pour d’autres raisons qu’il faut creuser au cours d’une thérapie. »

TDAH et TSA : diagnostic nécessaire

Le diagnostic s’avère indispensable dans certains cas, particulièrement pour le TDAH ou le TSA. Il peut apaiser l’enfant et enlever chez lui « un sentiment de culpabilité, de honte, car il a remarqué qu’il n’était pas comme les autres », constate Maryse Corbet. Les parents pourront s’en saisir, être accompagnés, mettre en place un accompagnement médicamenteux, anticiper les défis auxquels ils seront confrontés, améliorer l’environnement de l’enfant, adapter son éducation… Chez l’enfant HPI, le passage des tests de QI est nécessaire dans les cas où « l’enfant est en souffrance », soutient Maryse Corbet.

Dans tous les cas, Nadège Roche-Labarbe insiste sur le fait de ne pas « se contenter du diagnostic sans avoir fait un état des lieux complet et creuser les raisons du mal-être ». Comprendre : poursuivre l’accompagnement avec un psychothérapeute.

L'Essentiel de l'article
  • Tous les acronymes et troubles ne se valent pas en termes de réalité clinique, ne sont pas tous soumis à des diagnostics cliniques, mais davantage à des traits du comportement.
  • Il faut rester vigilant sur l’intérêt d’un diagnostic pour son enfant : dans le cas du TDAH ou du TSA, le diagnostic est indispensable au bon développement de l’enfant.
  • Être HPI n’est pas forcément synonyme de souffrance chez un enfant, un approfondissement de son mal-être avec un professionnel de santé doit être fait en amont de potentiels tests.
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