Comment sont formés les chiens guides d'aveugle ?

Avant qu’une personne non ou mal voyante qui en a fait la demande reçoive un chien guide, un long travail de formation est nécessaire. Pendant plusieurs mois, le chien apprend auprès d’un éducateur les clés pour aider son futur maître, dont le choix n’est pas laissé au hasard, à se déplacer au quotidien en toute sécurité.

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Rédaction SoPress

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La France compte aujourd’hui environ 1,7 million de personnes non ou mal voyantes. Parmi elles, 1 500 sont assistées par un chien guide. Une aide précieuse pour améliorer leur autonomie et leur mobilité au quotidien. Mais avant de rejoindre leurs maîtres, les chiens doivent suivre une méticuleuse formation. « Elle est dispensée dans seize centres d’éducation en France », explique Sandie Besse, directrice technique de l’antenne de Salon-de-Provence de l’association Les Chiens guides d’aveugles de Provence Côte d’Azur Corse, qui forme une vingtaine de chiens chaque année. C’est justement dans les rues de cette ville moyenne des Bouches-du-Rhône que Marine Dupont, élève éducatrice de la structure, familiarise au terrain Ulia, un labrador femelle âgé d’un peu plus d’un an. « Avec elle, on en est au début, aux lignes droites, aux recherches de passage et aux directions. On appelle cette étape le quadrillage », indique la monitrice et future éducatrice.

Guider en toute sécurité

Ulia a rejoint le centre d’éducation de Salon-de-Provence il y a plusieurs semaines. « La première année, les chiens sont en famille d’accueil. Ils sont toutefois amenés régulièrement auprès de l’association et commencent leur formation avec un éducateur. Ils apprennent l’obéissance et intègrent à partir de 8 ou 9 mois les premières notions de guidage », explique Sandie Besse. Puis le travail sérieux commence. Par sessions quotidiennes de presque 30 minutes, Marine Dupont apprend au jeune labrador à se déplacer dans la ville et à répondre à des ordres simples : assis, debout, droite, gauche, stop, en avant… L’enjeu de ces 6 à 8 mois de formation est que le chien puisse guider son maître en toute sécurité. « Il doit savoir s’arrêter à une intersection et éviter les obstacles qu’on trouve dans les villes que ce soit au sol ou à mi-hauteur jusqu’à 1,5 m. Mais aussi un dénivelé, un trou, une bosse, une flaque d’eau ou même des déjections canines », détaille la directrice technique de l’association. Ulia est encore au début de l’apprentissage de ces manœuvres. Sa formatrice l’aide encore à contourner ce qu’elle rencontre sur la chaussée et maintient sa motivation grâce à des récompenses : « Elle a une croquette à chaque fois qu’elle réussit un contournement ou un stop. »

Concentration maximale

La tache des chiens guides est un véritable exercice de concentration. Ils doivent savoir garder leur cap sans être distraits, comme lorsqu’ils croisent un de leurs congénères. « Ça leur prend beaucoup d’énergie. Notamment quand on travaille avec un labrador qui est à la base un chien de chasse », souligne Sandie Besse. Pourtant ce sont bien des canidés de cette race, avec les golden retrievers, qui sont majoritairement choisis pour devenir guides : « Ça s’explique parce qu’ils ont la bonne taille et une excellente capacité d’adaptation. Ce sont des chiens qui aiment bosser, mais qui peuvent aussi sans problème dormir 3 heures dans un bureau quand le maître travaille, contrairement à d’autres chiens qui ont trop d’énergie. » Plus rarement, les caniches royaux sont aussi utilisés comme guides. « Ils ne perdent pas leurs poils, ce qui est pratique pour les bénéficiaires qui sont allergiques. C’est rare, mais il y en a », précise Sandie Besse.

Au fur et à mesure de leur formation, les chiens appréhendent de mieux en mieux les situations auxquelles ils sont confrontés. Alors les éducateurs ajoutent des difficultés. Si les sorties des premières semaines se font dans des milieux relativement calmes, ils font vite face à des endroits plus bruyants et animés : « On commence dans les rues de Salon-de-Provence où il y a relativement peu de monde et de circulation. Plus tard, on va travailler à Marseille où il y a plus d’agitation. Mais c’est aussi parce qu’il y a un métro et qu’ils pourront en emprunter un avec leurs maîtres selon la ville qu’ils rejoindront. »

Le temps de bien s’entendre

Une fois toutes ces compétences acquises, Ulia rejoindra son maître. Mais le choix des bénéficiaires n’est jamais laissé au hasard. Son dossier est étudié de près par les équipes de l’association. Un inspecteur va à sa rencontre pour déterminer si la personne est autonome et déjà en mesure de s’orienter seule. « Nous regardons notamment son allure quand elle se déplace pour voir quel chien pourrait y aller. Un chien plutôt rapide ou plutôt lent », explique Sandie Besse. S’ensuit un entretien avec un psychologue. Ce n’est qu’après ces étapes qu’un essai est organisé : « Ça se passe sur deux jours. Et si c’est concluant, nous procédons à la remise. » Pendant deux semaines, la personne déficiente visuelle sera ensuite accompagnée par un éducateur pour apprendre à se déplacer avec son chien et à l’entretenir.

Parfois le duo a du mal à s’entendre et la personne doit se résoudre à rendre son compagnon qui est très vite remis à une autre personne avec un caractère et des besoins davantage compatibles : « Ça reste rare, mais ça peut arriver parce que ce n’est pas une science exacte. » Même une fois que l’adoption est définitive, après ces mois de formation et que le binôme commence à se découvrir, le travail n’est pas encore réellement terminé. Il faut du temps pour que chacun s’apprivoise au mieux et se connaisse. « En général, ce n’est qu’au bout d’une année que les choses commencent à marcher parfaitement », indique la directrice technique de l’association.

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