Mars Bleu : cancer colorectal, dépister pour mieux soigner

Moins connu que la campagne Octobre Rose (cancer du sein) ou celle de Movember (cancer de la prostate ou des testicules), Mars Bleu est le mois dédié au dépistage du cancer colorectal, appelé aussi cancer de côlon. Comment le dépister pour mieux le soigner ? Témoignages de deux patients autour de leur parcours préventif et état des lieux du dépistage en France avec un spécialiste.

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Rédaction SoPress

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« Le cancer du côlon est un fléau », s’attriste le Dr Jean-Christophe Letard, hépato-gastro-entérologue basé à Poitiers. « Il provoque 18 000 décès par an, autant d’hommes que de femmes. Cela fait un mort toutes les 30 secondes. Alors que plus le dépistage de ce cancer est fait précocement, meilleur sera le pronostic pour le patient. » Depuis 2009, un test de dépistage du cancer colorectal est proposé gratuitement tous les deux ans, aux plus de 50 ans : le test Hemoccult II. Il permet de dépister la présence de sang dans les selles et donc la présence éventuelle d’une tumeur cancéreuse. Pourtant, selon une enquête de Santé publique France réalisée en 2019, le test n’est réalisé que par 35 % des personnes concernées.

Ne pas attendre pour se faire dépister

Comme les autres Français de plus de 50 ans, Carlos Cardoso, habitant à Marseille, a reçu un courrier pour faire le test. « Comme beaucoup de personnes, je n’ai rien fait. Le protocole était trop compliqué, car il fallait voir son médecin généraliste pour disposer d’un test. » Il a laissé passer un deuxième courrier, puis un troisième. « En 2023, le protocole est devenu plus pratique, car on pouvait récupérer directement le test en pharmacie. » À son quatrième courrier, M. Cardoso, aujourd’hui âgé de 54 ans, se décide enfin, récupère le test et le fait. Celui-ci se révèle positif et le patient prend rendez-vous avec un gastro-entérologue pour faire une coloscopie. « J’avais plusieurs polypes, des tumeurs précancéreuses, qui ont été enlevés. Je n’avais pas pris conscience auparavant que le cancer colorectal était un cancer aussi développé. Heureusement, maintenant, c’est derrière moi et j’ai pris conscience du danger. Aujourd’hui, j’essaie de sensibiliser tout le monde : le test est très simple à faire et il faut le faire ! »

Un test très facile à faire

Robert Perrin, 73 ans, vivant à Toulouse, a été plus sérieux avec le test Hemoccult II : « J’ai une vie saine. Je ne bois pas d’alcool et je ne fume pas. Je n’avais aucune douleur au ventre. Je pensais avoir zéro risque de développer ce type de cancer. » Sur l’incitation de son médecin généraliste, M. Perrin fait quand même le test tous les deux ans, à partir de 50 ans. « Le test Hemoccult II est très facile à faire. On le fait chez soi, en toute intimité. Tout est bien expliqué dans la brochure qui accompagne le test. Il suffit de prélever un peu de ses selles, de les mettre dans un tube avec un liquide, de rajouter son nom, son prénom sur une étiquette et de l’envoyer gratuitement à un laboratoire d’analyse. En résumé, c’est simple, bien expliqué, à faire chez soi et gratuit ! »

Ce dépistage régulier va sauver M. Perrin. Les tests qu’il fait, entre ses 50 ans et ses 70 ans, se révèlent négatifs. Mais à 71 ans, il découvre qu’il est atteint d’un cancer colorectal : le test positif a été confirmé par une coloscopie et une biopsie. Il doit subir une colectomie (ablation d’une partie du côlon) et suivre un protocole de chimiothérapie. Son cancer est aujourd’hui en phase de rémission. « J’ai eu de la chance, car il a été pris à temps. Je n’attendais pas à développer ce cancer. » Cette « rencontre inopinée », Robert Perrin a décidé d’en faire un livre, « pour décrire mes émotions, faire partager mon expérience et inciter à la prévention et au dépistage »1.

Quels sont les freins qui bloquent certaines personnes ?

« Il y a encore beaucoup de tabous concernant cette partie du corps, le rectum et l’anus. Cela peut être un frein pour le dépistage », explique Carlos Cardoso. Ce que confirme Robert Perrin : « Le fait de manipuler ses selles peut poser problème à certains. Pourtant le prélèvement prend juste quelques dizaines de secondes. » D’autres freins peuvent apparaître selon M. Perrin : « Certains ont peur de savoir, sont dans le déni, alors ils ne font pas le test. Comme si ne rien savoir, cela les protégerait… D’autres personnes n’ont pas de symptômes, de douleurs, alors ils pensent qu’ils n’ont rien. Enfin, bien sûr, il y a l’indifférence, la négligence. »

Le Dr Letard indique qu’il est possible de faire un test Hemoccult II avant 50 ans : « Pour ceux qui ont des antécédents familiaux avec le cancer du côlon ou ceux qui ont des signes, douleurs abdominales ou troubles du transit. Le plus important est de parler librement du sujet du cancer du côlon avec son médecin généraliste. La campagne de Mars Bleu2 est une très bonne opération pour cela, ouvrir le dialogue, la discussion autour de ce cancer. »

S’il reconnaît que le test Hemoccult II, mis en place depuis quinze ans, a été une étape importante, le Dr Letard va plus loin en matière de prévention : « Il faudrait proposer une coloscopie à toute la population. Ce serait plus efficace. Évidemment, cela aurait un coût important au départ, mais ce serait économiquement rentable à terme, car il y aurait moins de cas de cancers à traiter. Aujourd’hui, il y a environ 40 000 nouveaux cas de cancer du côlon par an en France. Une coloscopie préventive permettrait de faire baisser ce chiffre. Selon des chiffres de la Société française d’endoscopie digestive (SFED), si l’on augmente les coloscopies de 30 %, on fait baisser la mortalité par cancer du côlon de 50 %. »

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