La conduite accompagnée, un petit virage dans la vie de famille

Avantages financiers, meilleure préparation pour l’examen, plus grande autonomie au volant : adoptée par quasiment un jeune sur deux qui passe son permis, la conduite accompagnée offre de nombreux atouts. Même si confier les clés de la voiture n’est pas toujours facile pour les parents, qui sortent parfois changés de cette aventure.

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Rédaction So Press

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Les doigts sur le frein à main, comme si elle allait devoir le soulever soudainement, Monique scrute le moindre danger et ne se montre pas franchement rassurée à côté de sa fille qui tient le volant. Comme ses deux grandes sœurs avant elle et comme environ 47 % des 18-26 ans qui ont passé le permis en France, Mélanie a opté pour la conduite accompagnée afin de décrocher le précieux sésame.

Lancé en 1990 et officiellement appelé Apprentissage anticipé de la conduite (AAC), il offre la possibilité de rouler au quotidien avec un accompagnateur (les parents la plupart du temps, qui doivent eux-mêmes être détenteurs du permis B depuis au moins cinq années) à partir de son quinzième anniversaire après avoir suivi une formation initiale en école (évaluation d’une heure, formation théorique sur la sécurité routière et pratique d’au moins vingt heures).

L’objectif ? Parcourir 3000 kilomètres ou plus en 365 jours minimum (et 1095 maximum) afin d’acquérir une solide expérience, devenir un bon conducteur et gagner en confiance pour le jour de l’examen, tout simplement. Des missions généralement remplies, puisque le taux de réussite à l’épreuve atteint 75 % pour ceux qui l’ont préparée avec la conduite accompagnée contre 57 % avec la méthode classique(1) et les accidents seraient quatre fois moins présents.

Pourquoi choisir la conduite accompagnée ?

Mais cette aventure n’est pas forcément une partie de plaisir, que ce soit pour l’enfant ou le parent. « Je savais que ce serait compliqué, car ça me fait très peur de me déplacer dans une voiture conduite par quelqu’un qui n’a pas le permis, témoigne Monique, qui garde en mémoire nombre d’anecdotes angoissantes. Ma fille aînée a par exemple percuté un labrador, ça nous a traumatisées ! » De là à perdre les pédales ? Parfois, oui. « Avec mon père, ça va, raconte sa fille Mélanie. Mais avec ma mère, c’est l’enfer. Elle n’est jamais motivée à l’idée de me laisser le volant et quand on le fait, elle panique tout le temps. Du coup, je n’ai pas énormément conduit… »

Mais alors, pourquoi avoir choisi la conduite accompagnée ? « Beaucoup de monde en parlait quand nous l’avons proposé à notre fille aînée, explique Monique. C’était un peu la tendance, les proches et les autres parents le conseillaient donc ça nous a influencés. L’avantage financier a également eu son importance. » On le comprend puisqu’un élève en AAC a globalement besoin de moins de cours de conduite facturés par une école, et les assurances établissent généralement un tarif préférentiel aux jeunes conducteurs ayant suivi ce mode de formation.

Le réapprentissage des parents

De son côté, Philippe, a pleinement apprécié cette aventure avec ses deux enfants. « Au-delà du fait que ça permet aux gosses de progresser et de s’accoutumer à la voiture, la conduite accompagnée apporte aussi beaucoup aux parents ! J’ai appris ou réappris plein de choses, on se remet forcément en question parce que notre regard n’est pas le même que les nouvelles générations, estime ce père autrefois routier, qui a connu l’AAC avec son fils Jean et sa fille Morgane. Bon, c’est vrai qu’il faut savoir être patient et pédagogue… Mais ça s’est plutôt bien passé, même si Jean, mon garçon, a fait preuve d’une débordante confiance en lui dès le début. Il m’a cassé un rétroviseur, on s’est disputé quelques fois… Mais rien de bien grave, surtout par rapport aux bénéfices observés. »

Réponse du fiston : « Oui, j’ai fait un peu le caïd au démarrage. Au bout de 50 bornes, je prenais le volant à une seule main juste pour énerver le daron. En même temps, on m’avait roulé dans la farine : mes parents m’avaient vendu la conduite accompagnée comme une promesse d’autonomie et de liberté, en disant que je n’avais pas besoin d’un scooter puisque je pourrais aller où je veux quand je veux avec la voiture. En réalité, pas du tout, cela n’a rien à voir ! Mais ce qui m’a le plus surpris, c’est que ma sœur et moi étions bien davantage au courant des règles du Code de la route que notre père. » Sa sœur Morgane confirme : « À chaque rond-point, il y avait débat sur la manière de l’emprunter. Notre père ne voulait jamais entendre qu’il faut emprunter à l’extérieur pour aller à droite. Il était vraiment hyper stressé, résume-t-elle, il s’accrochait tout le temps à la poignée de maintien au-dessus de la portière. Mais sincèrement, cette expérience sous son contrôle m’a globalement beaucoup aidée. Il m’a fait conduire avec une remorque, il me demandait de refaire des manœuvres jusqu’à ce que je réussisse… »

Autre point positif pour la conduite accompagnée, depuis le 1er janvier 2024, elle permet de passer le permis de conduire dès l’âge de 17 ans.

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