Saint-Michel-sur-Orge se mobilise contre le gaspillage alimentaire

À Saint-Michel-sur-Orge (91), l’antigaspillage alimentaire et l’écoresponsabilité sont des axes forts de l’action municipale. Les initiatives se multiplient un peu partout dans la ville.

Temps de lecture : 8 min

à propos du contributeur

Muriel Mosnat

Adjointe à la mairie de Saint-Michel-sur-Orge

À moins de 30 kilomètres au sud de Paris, Saint-Michel-sur-Orge s’est engagée depuis 2014 dans la lutte contre le gaspillage alimentaire. Encouragées par l’équipe municipale et soutenues par des partenaires locaux et nationaux très impliqués, les actions s’enchaînent et se répondent les unes aux autres dans un cercle vertueux qui croît de jour en jour. À l’arrivée, moins de gaspillage bien sûr, mais aussi des espaces publics plus propres, un lien social renforcé et une ville tout entière mobilisée autour de la solidarité et de l’environnement.

1 Des ateliers antigaspi au centre de la démarche

« Nous avons débuté les actions contre le gaspillage alimentaire en 2014 », se souvient Muriel Mosnat, première adjointe aux Affaires sociales, Cohésion sociale, Seniors et Habitat de la commune de Saint-Michel-sur-Orge. « Tout a commencé par un partenariat avec l’épicerie sociale associative La Clairière que nous accompagnons depuis plusieurs années via des dons en nature, un support logistique, des moyens humains et des subventions. Il faut savoir que 5 % des habitants de Saint-Michel sont utilisateurs de cette épicerie, il y a donc un vrai besoin local. Or les bénévoles de l’épicerie nous ont assez rapidement fait remonter que les publics, par manque d’information et par habitude, jetaient beaucoup d’aliments encore consommables. »

Parmi les causes identifiées, la méconnaissance du fonctionnement des dates de péremption (qu’est-ce qui peut ou ne peut pas être consommé après expiration de la date), et une mauvaise utilisation du réfrigérateur. Autre enjeu de taille, une consommation de fruits et légumes insuffisante à cause des prix souvent élevés, mais pas seulement…

« Beaucoup ne savent pas cuisiner ou pensent que ça prend beaucoup de temps, alors que pas du tout ! », répond Muriel Mosnat. « On a donc décidé mettre en place des ateliers pratiques contre le gaspillage alimentaire, d’abord au CCAS * puis à l’épicerie solidaire. On y apprend à moins jeter en sachant comment consommer de façon sécurisée certains aliments passés de date (yaourts, lait, etc.), comment régler et ranger son réfrigérateur pour conserver plus longtemps les aliments, mais aussi comment cuisiner les fruits et légumes de façon ludique avec des recettes de soupes, de smoothies, de confitures, de conserves… »

Ici, les maîtres-mots sont plaisir et convivialité ! Au sein d’une cuisine équipée, les participants trient, épluchent, découpent et cuisinent des denrées invendues fournies par la grande surface voisine, très impliquée dans les actions antigaspillage de la commune. Elles sont également récupérées à prix cassés en fin de marché, une autre façon de limiter le gâchis.

« Ce sont ces fameux légumes ”moches” que la plupart des gens ne veulent pas, mais qui sont délicieux une fois cuisinés ! Les confitures concoctées pendant les ateliers sont ensuite revendues sur des stands dans la galerie marchande du supermarché ou sur certains événements municipaux comme la Fête de la Ville. Ça donne de la visibilité au CCAS et c’est très motivant pour tout le monde ! »

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millions de tonnes de produits alimentaires sont jetées ou gaspillées chaque année en France. (2)

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L'écoresponsabilité, c'est l'affaire de tous !

Et pour pousser la démarche à fond, on ne jette rien ! Les épluchures et restes des ateliers sont donnés au jardin partagé de la commune pour faire du compost.

« En retour, nous participons à la transformation des fruits et légumes du jardin au moment des récoltes. Nous allons d’ailleurs mettre en place prochainement d’autres potagers dans les quartiers, que les habitants pourront utiliser. Cultiver son propre jardin, c’est redonner du sens et de la valeur à des choses simples. »

C’est donc un véritable cercle vertueux qui est en train de se mettre en place : aujourd’hui à Saint-Michel, on jette moins, on récupère plus d’invendus et de surplus, on mange mieux et on participe au fonctionnement de l’agriculture urbaine locale.

« Pour les publics précaires en particulier, c’est très valorisant : les participants sont ravis d’être acteurs de cette démarche éco-solidaire bénéfique à toute la communauté, c’est un excellent moyen de lutter contre le sentiment d’exclusion », analyse Muriel Mosnat. « Et comme ces ateliers sont ouverts à tous **, ils participent à créer du lien social entre les habitants des différents quartiers et de différentes origines socioculturelles qui ne se seraient peut-être jamais croisés autrement. Nous avons réussi ce pari d’ouvrir à tous les initiatives sociales. Il y a une énergie formidable ! »

Autre cheval de bataille dans la lutte contre le gaspillage alimentaire : les cantines scolaires, dans lesquelles sont jetés 44 kg de nourriture en moyenne par service (1). La municipalité a ainsi décidé de réduire le nombre d’options au menu, et a mis en place des self-services : comme cela, les élèves choisissent ce qu’ils veulent manger, et il y a moins de pertes, tout simplement !

« Pour "prêcher la bonne parole” auprès des élèves, nous avons aussi décidé d’impliquer le Conseil municipal des enfants, car les messages passent mieux s’ils sont délivrés par des jeunes. »

Mais pour Muriel Mosnat, la plus grande victoire est la prise en main de la lutte antigaspi par les habitants de la ville. Suite aux ateliers, un collectif de citoyens s’est en effet formé pour mettre en place des actions de façon autonome. Grâce au soutien de la Fondation d’entreprise du groupe Macif, qui a offert une subvention de 4 200 €, les habitants ont pu acheter du matériel (mixeur, blender, saladier, planche à découper…) pour équiper une cuisine commune qui sert désormais à initier tous les volontaires aux secrets d’une bonne soupe, au zéro déchet, à la fabrication de produits d’entretien et de cosmétiques écoresponsables, etc.

« La municipalité a aussi initié des opérations "coup de propre” de ramassage des déchets dans les quartiers. On dépasse donc largement la thématique initiale du gaspillage pour encourager tous les gestes quotidiens qui permettent de prendre soin de l’environnement au sens large : pas seulement la nature mais aussi son quartier, sa rue, son immeuble. »

Le saviez-vous ?

La Fondation d’entreprise du groupe Macif soutient des initiatives qui œuvrent contre le gaspillage alimentaire !

3 Une ressourcerie pour aller plus loin

En 2017, c’est au tour d’une ressourcerie de voir le jour pour étendre l’action antigaspillage à d’autres thématiques que l’alimentation. Les Saint-Michellois peuvent venir y déposer les appareils, vêtements, jouets et accessoires dont ils ne veulent plus, qui seront revendus à petits prix. D’abord éphémère, elle a été pérennisée en décembre 2018 dans des locaux où sont organisés des ateliers de couture, de fabrication de produits écolos, de réduction des déchets, de réparation…

« Nous avons déjà sept ateliers prévus en 2019, organisés en autonomie par les bénévoles du collectif d’habitants. C’est toute une pédagogie qui est en train d’être mise en place autour de l’achat d’occasion, du fait de ne pas jeter les objets, etc. Réutiliser et recycler sont devenus des gestes incontournables dans une démarche globale de déconsommation. »

Enfin, un comité de pilotage sera institué en 2019 pour valoriser, soutenir et développer toutes ces actions écoresponsables sur la commune de Saint-Michel. Il intégrera les habitants, les services municipaux, les représentants associatifs et les partenaires.

L’idée est de toucher de nouveaux publics pour aller encore plus loin.

+ 22 %

de dons alimentaires aux associations grâce à la loi contre le gaspillage alimentaire promulguée en France en février 2016. (3)

* Centre communal d’action social, qui a initié les ateliers antigaspillage.
** Les ateliers sont ouverts à tous les habitants de Saint-Michel-sur-Orge et de la communauté de commune Cœur d’Essonne.

Sources :

(1) Ademe, « La restauration collective mobilisée contre le gaspillage alimentaire », 2018
(2) Ministère de la Transition écologique et solidaire, « Gaspillage alimentaire », 2018
(3) Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, « La France pionnière de la lutte contre le gaspillage alimentaire », 2018.
L'Essentiel de l'article
  • Des ateliers et de nombreuses initiatives sont mis en place pour lutter contre le gaspillage alimentaire.
  • Les ateliers écoresponsables sont ouverts à tous.
  • Des actions sont organisées dans les écoles pour réduire les pertes dans les cantines.
  • Une ressourcerie a été ouverte en 2018.

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