Les couleurs de son logement ont-elles un impact sur le bien-être ?

Terracotta, magenta, bleu-vert… Les couleurs tendance semblent être des valeurs sûres pour habiller son espace de vie. Mais la mode ne fait pas tout. Car les couleurs sont bel et bien dotées d’un pouvoir exceptionnel de jouer de l’état émotionnel de chaque individu. Burn-out, besoin de repos, rupture amoureuse, transition professionnelle, questionnement spirituel… Comment choisir les couleurs de son habitat ? Éclairage d’une architecte d’intérieur et témoignages d’habitants concernés.

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Couleurs et résonnance

En 1810, Goethe découvrait que la couleur provoquait chez le spectateur une résonance émotionnelle. Son Traité des couleurs servit d’inspiration à nombre de théoriciens de l’art, scientifiques et artistes. Preuve en est qu’un siècle plus tard, en 1911, Kandinsky publie sa propre théorie des couleurs, selon laquelle la couleur peut être choisie soit pour sa résonance psychologique, soit pour l’effet qu’elle produit sur l’œil. La psychologie des couleurs a toujours fasciné. Dans un monde où l’on est en recherche de bien-être, elle est un élément clé de la décoration de son logement. « Les couleurs ont un impact émotionnel, psychologique et sensitif considérable sur le bien-être de chacun. Selon l’état émotionnel et psychique du moment et de chaque individu, on ne reçoit pas la couleur de la même façon. On parle d’effet thérapeutique des couleurs », explique Mariane Sauzet. Après vingt-deux ans de recherches, cette architecte d’intérieur a créé la méthode « Color Deco Therapy », ou l’art du bien-être décoratif thérapeutique.

L’objectif ? Proposer un test de 20 questions permettant de trouver sa « couleur totem » pour « réactiver ses énergies ». « Choisir les couleurs de son espace de vie ne s’improvise pas. On a souvent tendance à suivre les couleurs habituelles par confort ou à la mode parce qu’il “faut que socialement ce soit beau”. Mais si l’on utilise une couleur dont on n’a pas du tout besoin à ce moment-là, elle peut avoir l’effet inverse sur nous », nuance la spécialiste.

Identifier ses besoins émotionnels

Si l’on décide de changer la couleur de nos murs, il faut avant tout identifier ses propres besoins émotionnels du moment et ce qu’on souhaite apporter à la pièce. De la bonne humeur ? Du réconfort ? De l’apaisement ? De l’espace ? Du sommeil ? De la concentration ? De la communication ? Les palettes de couleurs sont immenses et chacune correspond à des besoins et des émotions particulières. Pour réactiver son corps et son énergie, stimuler les relations sociales, mieux vaut opter pour des couleurs chaudes. Le jaune, par exemple, couleur du soleil et de l’énergie, favorise la joie, l’optimisme et la confiance en soi et facilite les échanges.

« Il est idéal quand on traverse une période de grand questionnement ou de transition professionnelle ou personnelle », souligne Mariane Sauzet. Quand la couleur orange dynamise et vitamine, le rouge évoque la chaleur, la puissance, la passion, mais aussi l’enracinement. Mais, en abuser peut créer un environnement trop agressif, épuisant ou oppressant. Romane, 25 ans, regrette d’avoir dormi, enfant, dans une chambre rouge vif. « Pendant la nuit, je faisais beaucoup de cauchemars, de terreurs nocturnes et j’étais somnambule. Cette couleur a certainement joué sur mon état émotionnel. »

Le bleu pour la sérénité et la tranquillité

Lorsqu’ils ont rénové leur logement, Romane et son conjoint se sont creusés les méninges sur les besoins correspondants à chaque pièce. « Dans le salon, une pièce dynamique et chaleureuse, on a peint les murs en terracotta pour favoriser le lien social. En revanche, pour la chambre, un lieu de tranquillité et de repos, c’était évident de mettre du bleu », précise la jeune femme. Même son de cloche pour Tom, 28 ans, qui a opté pour les couleurs lin et bleu nuit dans les chambres. « Je vois ces pièces comme des cocons, propices à des couleurs douces et pas trop agressives. Je m’imagine mal dormir dans une chambre jaune fluo », confie-t-il.

Incontestablement, le bleu symbolise la sérénité, la relaxation ou la méditation. « Il apaise, restimule et peut aussi répondre au besoin de se concentrer. Cette couleur est idéale dans les bureaux de chefs d’entreprise très angoissés, illustre Mariane Sauzet. Tandis que le turquoise répond au besoin de se nettoyer, de se purifier et de se ressourcer. » Pas si loin dans le spectre des couleurs apaisantes, on retrouve le vert, symbole de la nature et du renouveau, qui inspire la croissance, l’équilibre et la vitalité. La couleur par excellence de la santé et du bien-être. Tom l’a choisie pour son salon, Romane pour sa cuisine. « Le vert est pour moi synonyme de bonne santé, d’harmonie et de concentration », confie-t-elle.

Un style blanc ?

Les personnes en plein questionnement spirituel peuvent miser sur le violet, connu pour sa capacité à stimuler l’intuition et à créer une atmosphère méditative. Celles qui ont besoin de calmer les émotions et de réchauffer le cœur choisiront plutôt des couleurs proches du magenta. Si les couleurs de son habitat ont un véritable impact sur notre état émotionnel, qu’en est-il du style blanc, épuré ? « Une chambre toute blanche est ce qu’il y a de pire. Si esthétiquement c’est un style, énergétiquement ça n’amène rien », juge l’architecte. Pour Romane, il était évident « de laisser des murs blancs dans chaque pièce, au risque de me sentir enfermée et oppressée. » L’inverse, un excès de couleurs, est aussi une prise de risque. Nul doute pour Mariane Sauzet : « Trop de couleurs est synonyme d’overdose. C’est comme tout, il est essentiel de les utiliser avec modération. »

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