L’autoentrepreneuriat, un statut qui séduit

L’autoentrepreneuriat avait explosé au moment de sa création en 2008, avant de stagner pendant une longue période. Ces dernières années, ce statut professionnel connaît un regain d’intérêt. Le nombre d’autoentrepreneurs a augmenté de plus d’un million en 15 ans et devrait atteindre 1,5 million d’ici cinq ans. Pourquoi choisir ce format ? Quels sont les avantages, les inconvénients et les défis ? Témoignages et conseils de créateurs d’entreprise.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

So press
Rédaction So Press

Avec SoPress, la Macif a pour ambition de raconter le quotidien sans filtre.

« Après avoir travaillé cinq ans en indépendant pour une école de kitesurf, j’avais envie de changement », confie Raphaël, 27 ans, moniteur de kitesurf. Ce jeune Normand qui a monté en 2021 son école sur la côte bretonne fait partie des jeunes actifs qui ont décidé de créer leur microentreprise pour lancer leur projet personnel. Bénéficiant d’un régime spécifique dépendant des entreprises individuelles, l’autoentrepreneuriat est prisé pour sa simplicité de création et de gestion (peu d’obligations comptables, sociales et fiscales). Pour y prétendre, il suffit d’exercer une activité artisanale, commerciale ou libérale, à titre principal. Reste que le chiffre d’affaires annuel est plafonné à 188 700 € pour les activités commerciales et d’hébergement et à 77 700 € pour les prestations de services et activités libérales. D’après une récente étude publiée par l’Urssaf, le nombre de travailleurs indépendants a continué d’augmenter en France en 2022 avec une part toujours plus importante d’autoentrepreneurs. Cette explosion s’explique en partie par un intérêt croissant de la jeunesse pour ce format de travail.

Quels risques et inconvénients ?

Malgré quelques appréhensions au début, Raphaël a vite compris que les risques de l’autoentrepreneuriat étaient mineurs. « J’avais besoin d’un prêt important pour acheter un bateau, mais j’ai vite vu qu’en assurant un certain nombre de cours par mois, je couvrirais largement le remboursement », souligne-t-il. Le jeune homme a vu dans l’autoentrepreneuriat nombre d’avantages. « Je n’étais pas contraint de générer un chiffre d’affaires minimum et je devais simplement le déclarer chaque trimestre sans avoir à tout justifier. De plus, les démarches administratives sont très simplifiées », précise-t-il. Pour Raphaël, l’augmentation de sa charge de travail en tant qu’autoentrepreneur n’a jamais constitué un problème. Bien au contraire. « Comme c’est mon entreprise, c’est bien plus prenant et plaisant. Sur certains aspects, je ne considère pas ça comme du travail. » L’inconvénient ? Son métier est un sport à risque. Dans le cas où il se blesserait, non seulement il n’aurait plus de rentrée d’argent et son statut lui assurerait peu de compensation. Reste qu’après deux années de microentreprise, les perspectives d’évolution professionnelle restaient minces. « Sans salariés, je ne pouvais pas faire grossir la structure. Sans compter que mon chiffre d’affaires était plafonné », pose Raphaël. Raisons pour lesquelles le moniteur de kitesurf est passé sous le statut d’entreprise individuelle il y a un an. Résultats : il emploie deux salariés et son chiffre d’affaires a doublé.

Diversifier ses clients et ses missions

Pour Lou, 38 ans, ouvrir son entreprise d’enseignement de yoga semblait être « le plus simple à faire » pour développer son activité dans les Landes. « Je n’avais pas tellement d’autres choix. Monter une association aurait été plus complexe », cède-t-elle. Aucun tracas pour rédiger les contrats avec ses clients : « J’ai simplement à les informer sur mes prestations, on négocie les tarifs si besoin et je facture. » Par ailleurs, Lou profite de sa microentreprise pour diversifier ses clients et ses missions. Avec une professeure de Pilates, elle était par exemple intervenue pendant quatre mois dans une entreprise de production agricole pour enseigner et développer le bien-être au travail. Et c’est sans compter qu’elle a pu cumuler les statuts juridiques. À côté de sa microentreprise, la professeure de yoga est en CDI comme responsable d’œnotourisme dans une entreprise viticole et vient aussi de créer avec un associé une société civile d’exploitation agricole. « C’est un avantage énorme de pouvoir être polyvalente dans mes activités. Non seulement pour me stimuler au quotidien et aussi pour éviter de mettre tous mes œufs dans le même panier », souligne-t-elle. Reste qu’elle ne sait pas toujours comment intégrer ses activités complémentaires dans le chiffre d’affaires de sa microentreprise. De plus, Lou l’avoue, les rares fois où elle a été contrainte de faire des changements d’adresse, de statut ou de numéro de SIRET, ça a été « un calvaire administratif ». Autre difficulté : lorsqu’elle a fait une demande de crédit à la banque pour financer sa maison, on lui a expliqué que son activité d’autoentrepreneur seule ne suffisait pas. Par chance, elle a pu jouer la carte de son autre activité en CDI.

Un format idéal pour travailler à distance

De son côté, Gauthier, 25 ans, est devenu autoentrepreneur suite à l’obtention de son Bac STMG. Après un stage en community management pour une entreprise qui commercialise des maillots de bain, le jeune homme avait envie de voir du pays. Mais il n’a pas pu refuser l’opportunité proposée par ses employeurs : poursuivre ses missions en créant sa microentreprise, un format inévitable pour travailler à distance. Un pari gagnant pour Gauthier : « Je me suis construit professionnellement en autodidacte grâce à ma microentreprise. J’avais la liberté de créer et développer mes compétences, je m’amusais avec les logiciels. » Par effet domino, le développement de ses compétences en design de produits lui a permis de doubler ses tarifs de prestations en deux ans. Aussi, grâce à ce format, le designer est devenu un véritable digital nomade, un statut idéal pour nourrir son travail de ses rencontres et des lieux qu’il découvre à l’étranger. « Un designer a besoin d’être stimulé en permanence et le voyage est une immense source d’inspiration et de créativité artistiques. » Aujourd’hui, l’évolution du marché du travail et des outils numériques ont bel et bien fait du freelance un véritable mode de vie. Côté sécurité de l’emploi, pas l’ombre d’une inquiétude pour le designer. Au fur et à mesure, il a cumulé plusieurs clients tout en conservant son « noyau dur » – l’entreprise de maillots de bain. « Beaucoup de PME font appel à des designers en microentreprise pour remettre un coup de neuf à leur marque », ajoute-t-il. Seul bémol : la charge importante de travail, rappelle Gauthier. « Au début, j’ai multiplié les clients et les missions. Je sentais que j’avais quelque chose à prouver, alors je travaillais d’arrache-pied sans compter mes heures. Mais avec le temps et l’expérience, j’ai appris à mieux m’organiser. » Preuve que l’activité d’autoentrepreneur est souvent synonyme de dur labeur.

Vous êtes autoentrepreneur ?

Article suivant