“Je ne voulais pas d’enfant”

En France, 4,5 % des femmes ne souhaitent pas avoir d’enfant.1 Être sans enfant par choix, dit aussi “childfree”, reste cependant encore peu accepté par la société. Alors quand la grossesse arrive tout de même, comment gérer l’imprévu ? Témoignage de Fanny et conseils de Nathalie Parent, psychologue.

Temps de lecture : 5 min

à propos du contributeur

Nathalie Parent

Psychologue et auteur de "Du post-partum à la dépression, renaître après la naissance"

 

Enceinte sans le vouloir : témoignage d'une aventure inattendue

Fanny n’avait pas le désir d’enfant, elle aimait sa vie exactement telle qu’elle était et après 10 ans de relation avec son époux, son avis n’avait pas changé. La jeune femme pratiquait la contraception naturelle, à savoir qu’elle suivait son cycle d’ovulation pour éviter les rapports sexuels les jours dits “fertiles”. « Mais il y a une fois où j’ai dû me louper, parce que je suis tombée enceinte sans le savoir », se souvient-elle. C’est au bout de 3 mois de grossesse que Fanny apprend la nouvelle lors d’un rendez-vous de contrôle chez sa gynécologue. Prise entre sidération et déni, elle s’inquiète rapidement pour la suite. « Je me suis dit “est-ce que je vais vouloir de cet enfant quand il sera né ?” Je voulais garder ma vie de femme libre qui travaille, qui sort avec ses amis, seule en amoureuse avec son mari. Mon inquiétude c’était : “Est ce que je vais pouvoir être une vraie maman?”. »

De son côté, son mari Simon rêvait d’une famille mais avait accepté le choix de son épouse. La nouvelle de la grossesse a été une très bonne surprise pour lui mais l’anxiété s’est elle aussi rapidement installée. « En voyant qu’elle ressentait toujours la même non-envie, je me suis dit que les choses allaient être très compliquées. On lit beaucoup de choses, et je me demandais “Est-ce que l'état psychologique de la mère influe sur l‘enfant ? ”, “Est-ce qu'il va y avoir un problème pour le bébé ?”. »

À la naissance d’Alexandre, la situation s’est avérée mitigée. « C’est quand même le moment le plus fou de ma vie, cette petite personne qui devient vraie, se rappelle Fanny. Mais toutes les inquiétudes que j’avais pendant la grossesse ont ressurgies rapidement et il m’a fallu du temps pour m’adapter. Aujourd’hui, j’aime bien notre vie à 3, mais je m’arrêterais à un enfant. »

Grossesse imprévue : comment faire face ?

Comme Fanny, comment réagir lorsque l’on apprend une telle nouvelle, qu’on ne souhaite pas et face à laquelle le champ d’action est finalement limité ? Comment gérer la situation au sein du couple ? Éléments de réponse avec la psychologue Nathalie Parent.

Heureuse nouvelle pour l’un, détresse pour l’autre, comment gérer ?

Nathalie Parent : Il faut en parler en mettant de côté les jugements. Écouter l’autre, sans attaque et avec une ouverture d’esprit, en ayant en tête que l’autre ne contrôle pas son ressenti. Les pères se sentent souvent impuissants et cherchent une solution. On sous-estime le pouvoir de l’écoute mais cela soulage grandement.

Se faire accompagner par un professionnel peut-il aider ?

N. P. : Oui car la psychothérapie peut permettre d’y voir plus clair, de se questionner sur ses différentes émotions et pensées et de donner du sens à cet événement imprévu. Venir en couple peut d'ailleurs être une bonne idée pour que chacun puisse s’exprimer dans un lieu neutre sans crainte de heurter l’autre. Une fois l’enfant né, certains couples vont dire que c’est finalement ce qui leur est arrivé de mieux dans la vie. Et bien qu’on ne puisse pas en faire une généralité, il paraît constructif de garder en tête qu’un enfant peut être un “investissement” à long terme, qui rapporte à bien des niveaux.

L’enfant à naître peut-il être impacté par l’état psychologique de la mère ?

N. P. : Tout dépend de la suite des choses. Il n’y aura pas de conséquence tant que la mère ne reste pas coincée dans un sentiment de culpabilité par rapport à ses propres émotions passées et présentes. Si les parents acceptent la situation, voient le positif et gèrent les émotions négatives, et sont bienveillants envers leur enfant, tout se déroulera normalement, comme pour toute autre naissance.

BESOIN DE PARLER À UN.E SPÉCIALISTE ?

Le contrat Garantie Santé de la Macif vous couvre en cas de consultation chez un.e psychologue*.

L'Essentiel de l'article
  • Il est important de se défaire de tout sentiment de honte ou de culpabilité
  • La communication avec le partenaire est essentielle
  • Ne pas hésiter à se tourner vers un.e professionnel.le pour obtenir de l'écoute et de l'aide
Article suivant