Les bienfaits de l’optimisme sur la santé

Les plus optimistes vivraient en moyenne quatre ans de plus que les autres(1), confirmant ainsi les bienfaits de ce trait de caractère. Que les natures pessimistes soient rassurées : bien qu’on lui reconnaisse une « base » génétique, l’optimisme s’apprend et à n’importe quel âge.

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Rédaction SoPress

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Attaques terroristes, réchauffement climatique, inflation, guerre en Ukraine… Cinq minutes de scrolling sur les réseaux sociaux suffisent à se poser la question : est-il encore possible – et surtout bien sage – d’être optimiste en 2024 ? Ou à l’inverse, est-il la preuve d’inconscience ou de déni ? Encore aujourd’hui, l’optimisme est moqué ou du moins débattu. Sujet de plus en plus récurrent dans les médias ou dans la littérature, l’optimisme suscite aussi depuis peu l’intérêt de la communauté scientifique. En 2022, une étude de la Société américaine de gériatrie, menée pendant 25 ans sur 160 000 femmes âgées de 50 à 80 ans, a mis en évidence que les personnes les plus optimistes vivaient en moyenne quatre ans de plus que les autres. La synthèse de quinze études médicales portant sur 230 000 personnes a d’ailleurs montré que l’optimisme est associé à une diminution significative du risque cardiovasculaire.

Ses bienfaits semblent donc indiscutables. Seul hic : les Français ont la réputation d’être des « râleurs » invétérés ou les champions de l’insatisfaction. Pourquoi ? Selon Philippe Gabilliet, professeur à l’ESCP Europe et auteur d’Éloge de l’optimisme, la critique facile – très ancrée à la culture française – serait transmise dès l’école. « Que vous ayez été dans le privé ou dans le public, depuis un siècle et demi, le scepticisme et l’esprit critique restent des marqueurs d’intelligence. Le rapport des Français à l’admiration, à l’enthousiasme, est donc compliqué. À l’opposé des Américains dont on se moque, disant qu’ils trouvent tout “amazing” (formidable, ndr), les Français se contenteront d’un “c’est pas mal”. » Au même moment, le professeur se remémore une citation de l’écrivain voyageur Sylvain Tesson : « Quand on regarde bien, la France est un paradis mais dont tous les Français pensent qu’ils vivent en enfer. Et heureusement, parce que sans cela, ils seraient insupportables. »

Qu’est-ce qu’un optimiste ?

Si l’on en croit Winston Churchill, « un pessimiste voit la difficulté dans chaque opportunité, un optimiste voit l’opportunité dans chaque difficulté ». Ce que confirme Philippe Gabilliet : « C’est une attitude d’optimisation de la réalité. Autrement dit, c’est se poser la question : “Comment faire mieux avec ce que j’ai ?” Ce n’est pas dire que tout va bien, mais être conscient que dans n’importe quelle épreuve – même la plus difficile ou douloureuse –, des solutions existent et qu’il suffit de les trouver. C’est capitaliser sur ses forces, ses atouts, plutôt que sur ses faiblesses. Et enfin, l’optimiste est bien plus dans l’action, même si ses solutions ne sont pas toujours définitives ou parfaites. »  

Peut-on aller jusqu’à dire qu’une personne optimiste est mieux protégée, moins vulnérable face aux aléas de la vie ? Une question à laquelle il est difficile de répondre, selon le professeur. Ce qui est certain, c’est que ce trait de personnalité est un outil de résilience efficace. « Si vous ne pensez pas que le choix de l’optimisme va vous servir, essayez le pessimisme et on en reparle, sourit-il. Encore que, le pessimisme est une bonne ressource, notamment de protection, de précaution et d’alerte. J’ai récemment entendu un patron dire : “Je suis en train de préparer mon entreprise au pire dans le futur.” C’est un pessimisme extrêmement constructif. Selon moi, on devrait dire du pessimisme ce que certains disent de l’argent : c’est un excellent serviteur mais un très mauvais maître. »

Quels bienfaits sur notre santé ?

Le professeur Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital de Créteil et auteur de Vous êtes votre meilleur psy!, en répertorie trois : l’optimisme est catalyseur d’émotions agréables comme la confiance, l’admiration ou encore la reconnaissance. Des émotions qui font sécréter des substances et neurotransmetteurs renforçant l’immunité de l’organisme. « Certains posent l’hypothèse d’un lien direct entre le bien-être que l’optimisme procure et la baisse de stress, ajoute-t-il. Si vous diminuez les risques d’anxiété et de dépression, vous gommez également tout ce que le stress peut impliquer comme impact physique ou mental. » Deuxième bénéfice, la proactivité : « L’optimisme s’accompagne de comportements adaptés, favorables à la santé, estime le médecin. Cela va passer notamment par l’activité physique et une alimentation saine. »

Or, ce n’est une surprise pour personne : adopter un mode de vie sain réduit le risque de maladies cardiovasculaires, ou d’autres pathologies potentiellement mortelles, comme le diabète et le cancer. Et enfin : le lien social. Moins de retenue, plus d’ouverture aux autres, l’optimiste est poussé vers une vie sociale épanouissante. « Ce qui produit d’autres effets bénéfiques sur le plan psychologique », appuie le psychiatre.

Des prédispositions ?

La grande question étant : naît-on ou peut-on devenir optimiste ? « Sûrement un peu des deux, pense le médecin. Dans l’enfance et en début de vie adulte, on sent des tendances comme si elles étaient constitutionnelles. Si l’on en croit les études, il y aurait en effet une part – autour de 25-30 % – de ces traits qui ont une composante génétique. » Pour autant, rien n’est figé. Rappelons que le caractère se « forge », sans oublier les événements de vie qui auront obligatoirement une influence. Il est donc possible d’apprendre, de travailler ou de peaufiner son optimisme. Et ce, grâce à la « psychologie positive » : « Une thérapie que les psychologues utilisent souvent pour lutter contre le stress, l’anxiété, la dépression et un peu le pessimisme », précise Antoine Pelissolo. Ce qui, grosso modo, consiste à faire attention aux choses du quotidien qui fonctionnent bien ou qui vous renforcent, oser faire des choses pour apprendre à mieux se connaître, tester de nouvelles choses, ouvrir son horizon. « Et puis, tout bêtement, être content de sa journée. » Parfois plus facile à dire qu’à faire…

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