Transition énergétique et rénovation écologique avec l'association Écorce

L'association Écorce promeut la construction et la rénovation écologique en Ariège. Ateliers, formations, conseils, Écorce regroupe particuliers et professionnels intéressés par le sujet et soutient des projets de rénovation auprès des publics précaires. Entretien avec Lael Delort.

Temps de lecture : 7 min

à propos du contributeur

Lael Delort
Lael Delort

Coordinateur de l’association Écorce

Loubières (09)

1 En quoi consiste l’action d’Écorce ?

Lael Delort : L’association Écorce a été fondée en 2005 par des particuliers qui cherchaient à mutualiser leurs connaissances et à se former aux méthodes d’autoconstruction écologique pour leur maison. La construction écologique privilégie d’une part des matériaux bio, d’origine locale. Elle fait aussi appel à des techniques de construction qui consomment peu d’énergies fossiles et sont les moins nocives possible pour l’environnement, les personnes qui travaillent sur le chantier et les habitants de la maison par la suite.

Nous organisons des visites de constructions écologiques, et des soirées mensuelles d’information autour de thèmes comme l’isolation, le photovoltaïque, les matériaux bio (plâtre, terre-paille), l’assainissement écologique, la géobiologie, etc. Nous avons aussi des formations courtes (de 70 à 210 €/jour) de 2 à 5 jours sur des techniques précises : les enduits, la construction paille, les murs en pierres sèches, la charpente, etc. Ces formations se déroulent sur des chantiers pédagogiques en conditions réelles, avec un encadrement poussé pour acquérir le geste. Nous avons également une activité de conseil juridique et technique auprès des propriétaires qui ont un projet de rénovation ou de construction. Nous ne nous substituons pas au métier d’architecte puisque nous ne travaillons pas sur plan et ne faisons pas de maîtrise d’œuvre : nous conseillons les adhérents en début de projet et les orientons ensuite vers les bons professionnels.

Nous avons trois types de publics : historiquement, des particuliers très investis dans le champ de la rénovation et de l’écologie, et puis petit à petit des professionnels et artisans nous ont rejoints. Nous avons aujourd’hui 120 adhérents particuliers et une trentaine de professionnels (artisans, maîtres d’œuvre, thermiciens ou architectes principalement). Depuis 2014, nous cherchons aussi à impliquer aussi les publics précaires, car c’est une priorité en Ariège.

5 millions

de personnes en France sont concernées par la précarité énergétique.*

2 Pourquoi la rénovation écologique et énergétique est-elle une question prioritaire en Ariège ?

L. D. : Le département est particulièrement frappé par la pauvreté et le parc de logements est vétuste (1), en ville comme en milieu rural. Il y a énormément de « passoires énergétiques », mais les personnes qui y vivent n’ont bien souvent ni les moyens ni le réflexe d’envisager des travaux d’amélioration thermique. Il y a un vrai besoin d’information et d’accompagnement auquel tente de répondre Écorce.

3 En quoi des subventions comme celles de la Fondation Macif peuvent-elles aider dans cette mission de solidarité ?

L. D. : Pour sensibiliser et aider ces publics précaires, nous avons lancé en 2014 un programme baptisé Favoriser l’accès à l’habitat individuel et collectif en écoconstruction destiné aux personnes à faibles revenus. Ce programme a été cofinancé par la Fondation d’entreprise du groupe Macif, la Fondation de France et l’Archipel des utopies, ce qui a permis l’embauche d’un technicien dédié à ce projet. Cette personne a reçu plusieurs propriétaires occupants à faible revenus pour étudier avec eux leurs besoins en termes de rénovation énergétique. Il s’agissait d’un programme d’auto-réhabilitation accompagnée (ARA) : les propriétaires sont conseillés sur les techniques et matériaux existants, sur les rénovations à mener dans leur logement, on leur propose également un soutien technique, documentaire et logistique (outils, répertoire d’artisans partenaires, etc.), accès aux aides et subventions pour travaux énergétiques, etc. Ensuite, ils effectuent eux-mêmes les travaux ou les font faire par un artisan.

500 000

C’est le nombre de logements qui sont rénovés dans les ans dans le cadre du Plan de rénovation énergétique des bâtiments.**

4 Quelles difficultés rencontrez-vous dans votre mission de promotion de la rénovation énergétique écologique ?

L. D. : Malgré les besoins constatés dans le département, nous avons encore du mal susciter l’adhésion d’organismes comme l’Anah (Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat, qui finance des travaux de réhabilitation énergétique). Nos métiers sont encore émergents, et nous devons donc encore faire la pédagogie de leur utilité tant sociale qu’environnementale. Au niveau national, la FEDAC (FEDération des ACcompagnateurs à l’autoproduction et à l’entraide dans le bâtiment) travaille là-dessus, pour donner un cadre juridique et assurantiel plus formel aux opérateurs d’ARA (autoréhabilitation accompagnée).

De ce fait, l’antenne locale de l’Anah n’a encore jamais financé de projet d’ARA, contrairement à ce qui se fait dans d’autres régions. Et malheureusement, comme nous nous adressons à des personnes à faibles revenus, la plupart des projets envisagés n’ont pas pu être réalisés pour le moment faute de financements.

5 Comment pouvez-vous surmonter ces difficultés ?

L. D. : Pour nous faire connaître, nous avons décidé fin 2017 de créer une série d’ateliers dans les quartiers prioritaires politiques de la ville (2) à Pamiers, Foix et Lavelanet : peinture naturelle, bricolage et entretien des logements, fabrication de produits d’entretien écologiques, etc. Ça a permis à l’association d’émerger peu à peu auprès des bailleurs sociaux et partenaires publics potentiels comme la Caisse d’allocations familiales (CAF), les maisons des jeunes et de la culture (MJC), les centres sociaux… Nous devrions recevoir prochainement un financement de la Fondation de France pour deux projets d’ARA, un en ville et un en milieu rural. Nous espérons que ces deux chantiers expérimentaux vont enfin permettre de valider notre démarche et qu’ils seront les premiers d’une longue série ! Le but étant de convaincre l’Anah du bien-fondé du projet Écorce afin que l’agence puisse déclencher les aides pour les propriétaires souhaitant réhabiliter leur logement. Rappelons qu’en Ariège, plus de la moitié des habitants sont éligibles aux HLM, et que l’habitat urbain comme rural est en très mauvais état. Il y a donc urgence, et de nouveaux financements seront nécessaires pour concrétiser nos prochains projets.

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L'Essentiel de l'article
  • Écorce est une association ariégeoise de promotion de la rénovation écologique des logements.
  • Elle accompagne les propriétaires engagés dans une démarche d’autoréhabilitation.
  • Écorce développe son activité vers les publics précaires en milieux urbains et ruraux.

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