1 Avec la cigarette électronique, la nicotine n’est pas si has been
Plus high-tech, plus parfumée, souvent perçue comme plus saine… la e-cigarette séduit les jeunes générations (2). Mais de plus en plus d’experts pointent aujourd’hui le risque de voir la vapoteuse devenir une porte d’entrée vers le tabagisme (3), comme le souligne Éric Godeau, historien du tabac :
« Certains experts avancent que la cigarette électronique conduit les jeunes vers le tabac en installant des rites de socialisation du tabac, l’esthétique des volutes de fumée et la gestuelle. Or l’adolescence est le temps des expérimentations. Les études de l’OFDT (Observatoire français des drogues et toxicomanies) montrent que c’est à cet âge que les essais se font, pas seulement avec le tabac, mais aussi l’alcool, le cannabis… Le problème, c’est que le tabac est le produit courant le plus addictif ! Les premières bouffées de cigarette sont donc centrales dans l’installation de la dépendance. »
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2 Cigarette : une cote de popularité en berne chez les jeunes ?
Malgré des chiffres encourageants en 2018, Éric Godeau préfère prendre ces résultats avec des pincettes.
« Bien qu’une baisse de l’usage du tabac semble s’amorcer, la consommation reste cependant très élevée chez les jeunes. C’est encore un peu tôt pour savoir si elle va perdurer. Mais pour le moment, il n’y a pas de stigmatisation du fumeur chez les jeunes : il n’y a qu’à passer devant un lycée pour le constater, il y a des centaines d’ados en train de fumer ensemble. La cigarette reste très attractive pour eux. »
Un constat qui se confirme puisque les jeunes restent de gros fumeurs : 32 % (un tiers) des 18-24 ans fument quotidiennement, contre 27 % pour l’ensemble des 18-75 ans (1).
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3 La cigarette n’effraie pas l’insouciante jeunesse
« L’usage du tabac est plus élevé au sein des milieux modestes et chez les ados en difficultés familiale, scolaire ou psychologique. Ce gradient social est particulièrement marqué chez les jeunes. Le recul du tabac est en fait plus net chez les adultes, où il est lié à la prise de conscience des dangers pour la santé et à l’augmentation du prix. Or ces deux arguments sont moins porteurs chez les jeunes : ils ne gèrent pas leur budget comme les adultes, et ils sous-estiment les effets de leur propre consommation. »
Si la « ringardisation » du tabac est en marche, elle serait donc plutôt à chercher du côté des plus de 60 ans et chez les catégories socioprofessionnelles supérieures. (1) Les experts de l’OFDT remarquent toutefois que les écrans et le temps passé sur Internet seraient responsables du recul récent du tabac observé chez les plus jeunes : au lieu de faire une pause clope, on préfère envoyer un snap ! Le smartphone serait-il plus efficace que la vapoteuse pour tenir les ados éloignés de la cigarette ? Affaire à suivre…
Merci à Éric Godeau, historien du tabac et auteur de Le Tabac en France de 1940 à nos jours. Histoire d’un marché (PUPS, 2008) et Un monde parti en fumée. Affiches et paquets de tabac en France au XXe siècle (CNRS, 2009).
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