Néophobie alimentaire : comment la détecter et aider votre enfant ?

Vers l’âge de 2 ans, l’enfant peut redouter les nouveaux aliments et les bouder. Ce phénomène s’arrête généralement de lui-même vers 6 ans. Comment repérer ce comportement et adopter la bonne attitude face à son enfant ? Entretien avec Coline Girerd, diététicienne psycho-nutritionniste à Lyon.

Temps de lecture : 5 min

à propos du contributeur

Coline Girerd

Diététicienne psycho-nutritionniste

1 Qu’est-ce que la néophobie alimentaire ?

Coline Girerd : C’est une étape presque normale dans la vie d’un enfant. Vers 18 mois-2 ans, quand l’enfant entre dans la phase du « non », il comprend les limites et les teste. Il refuse un peu tout et ça se manifeste aussi dans l’alimentation. Il craint les aliments nouveaux et parfois aussi des aliments qu’il aimait jusque-là, surtout les légumes, pour s’opposer à ses parents. Théoriquement, la néophobie alimentaire cesse vers 6 ans, mais il m’arrive de recevoir des enfants de 10 ans et parfois même des adultes néophobes.

Chiffre-clé

La néophobie alimentaire touche 77 %(1) des enfants âgés de 2 à 6 ans.

2 Quels sont les facteurs qui peuvent favoriser la néophobie alimentaire ?

C. G : Les légumes ont une odeur particulière et une couleur vive qui peuvent surprendre l’enfant. La néophobie alimentaire peut être accentuée si le parent craint que l’enfant n’apprécie pas les légumes ou s’il les refuse lui-même. Un cadre trop rigide peut amplifier le phénomène. Et puis, l’enfant peut avoir un trouble de l’oralité avec des difficultés de succion, de mastication, une hypersensibilité aux textures ou aux odeurs. Souvent, on constate ce trouble avant, au moment du biberon, de l’allaitement, du passage à la cuillère mais ça peut aussi être détecté plus tard. Les troubles de l’oralité concernent un répertoire alimentaire plus large, l’enfant mange alors très peu d’aliments.

3 Comment se traduit la néophobie alimentaire ?

C. G : L’enfant refuse de manger certains aliments, en particulier les légumes. Il a une forme de sélectivité liée à un ou des sens : il refuse les morceaux, les odeurs fortes, certaines couleurs d’aliments… Il dit qu’il n’aime pas sans même avoir goûté l’aliment. Il trie dans son assiette et ne conserve que ce qu’il veut manger. Si cela génère des tensions parce qu’on insiste, il peut se mettre à pleurer. Il est rare qu’il en vienne à vomir ce qu’il mange.

4 Faut-il s’inquiéter si son enfant présente une néophobie alimentaire ?

C. G : Non car c’est presque naturel. Près de trois quarts des enfants passent par cette étape. La néophobie alimentaire n’influe pas sur l’équilibre alimentaire puisque ça ne concerne que quelques aliments. L’important est que l’enfant continue d’avoir plaisir à manger et qu’il n’y ait pas d’incidence sur sa courbe de poids.

5 Comment réagir face à un enfant qui souffre de néophobie alimentaire ?

C. G : On encourage le contact avec la nourriture en faisant les courses ou le marché ensemble, en cueillant les légumes dans le potager, en cuisinant avec lui… Ça lui permet de voir les étapes de transformation des aliments qu’il ne reconnaît pas toujours selon leur présentation et ça le rassure. On lui demande de goûter sans le forcer à finir. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail, Ndlr) dit qu’il faut présenter en moyenne 8 fois un même aliment à un enfant pour savoir s’il l’aime ou pas. Il ne faut pas hésiter à le présenter sous diverses formes et demander à l’enfant ce qui le bloque. On évite le chantage et les punitions. On met tout le repas sur un plateau pour laisser le choix à l’enfant. C’est possible qu’il laisse certains aliments au début mais rapidement il va se réguler. C’est un bénéfice à moyen ou long terme.
 

Le repas doit être un moment calme où chacun mange la même chose, pour aider l’enfant à développer de saines habitudes alimentaires.

Coline Girerd, diététicienne psycho-nutritionniste

L'Essentiel de l'article
  • La néophobie commence vers 18-24 mois.
  • Évitez le chantage et les punitions pour faire manger votre enfant.
  • Rassurez votre enfant en favorisant les contacts avec les aliments.
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