Le MuMo fait voyager l’art au cœur des régions

Le MuMo – ou musée mobile – est un drôle de camion imaginé par Ingrid Brochard et conçu par l’artiste Matali Crasset. Au cœur des quartiers de banlieue et des campagnes, il fait découvrir des œuvres d’art contemporaines issues des fonds régionaux à des publics trop souvent éloignés de la culture.

Temps de lecture : 8 min

à propos du contributeur

Ingrid Brochard

Créatrice du projet

1 Le MuMo a déjà une longue histoire, pouvez-vous nous raconter comment est née l’idée ?

Ingrid Brochard : L’aventure du MuMo a commencé en 2008 avec un premier camion créé à partir d’un container par Adam Kalkin, architecte et artiste américain. Nous exposions alors des œuvres créées spécialement par les artistes pour le MuMo. Le camion a circulé pendant six ans : c’était un projet un peu fou, utopique, qui nous a emmenés sur les routes de France, de Belgique, en Afrique… Très vite, nous avons été amenés à travailler avec l’Éducation nationale et le ministère de la Culture. Quand le président de la République François Hollande a lancé le dispositif La France s’engage, nous avons présenté un nouveau projet de musée mobile itinérant qui aurait pour vocation de faire circuler les œuvres des collections des musées nationaux. Je suis alors entrée en contact avec Matali Crasset, une designer qui travaille beaucoup sur l’accès à l’art et l’ouverture, et qui a une vraie écoute et compréhension des besoins des publics et des commanditaires de projet. Notamment, elle a su créer des espaces de vie et d’interaction pas seulement dans le camion, mais aussi autour, ce qui était capital dans l’approche que nous voulions proposer.

20 000

visiteurs profitent des expositions du MuMo chaque année.*

2 À quels publics s'adresse ce nouveau MuMo ?

Ingrid Brochard : J’avais remarqué avec le premier MuMo que de nombreux publics étaient coupés du monde de l’art, que ce soit pour des raisons économiques, géographiques ou culturelles. Or l’art est un formidable outil d’éveil au monde, et je souhaitais offrir cette chance de premier contact avec des œuvres contemporaines, un peu sur le modèle des bibliobus qui se déplacent pour apporter des livres dans les quartiers. Nous tournons dans les secteurs éloignés des musées, donc principalement dans les banlieues et en campagne. Et où que nous allions, nous sommes toujours très bien reçus ! Les jeunes comme les parents sont ravis qu’on vienne au-devant d’eux pour leur présenter ces œuvres. Les visites se font en famille ou entre amis, c’est vraiment très varié. Parce qu’au-delà de l’expérience artistique et esthétique du camion qui se déplie pour présenter les œuvres, il y a une vraie dimension sociale : tout le monde est invité à la visite, tous âges confondus.

3 Comment sont organisées les tournées ?

Ingrid Brochard : Les quartiers et villages sont choisis en concertation avec les FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain) dont nous exposons les œuvres, les DRAC (Directions régionales des affaires culturelles), l’éducation nationale et les collectivités locales, lors d’un comité de pilotage où l’on étudie les besoins des territoires pour fixer l’itinéraire de chaque tournée. Chaque tournée dure environ deux mois ou deux mois et demi, avec 10 à 12 étapes où nous restons environ une semaine. Ce temps nous permet de nouer de vrais contacts au sein du quartier, d’instaurer une forme pérenne de vivre ensemble et d’attirer des publics différents au fil des jours : d’abord, les enfants et les ados via les visites organisées avec l’école et les ateliers pédagogiques. Le soir et les week-ends, nous faisons des portes ouvertes pour tout public, et le vendredi, c’est le jour où nous exposons les œuvres produites par les enfants pendant les ateliers. Cette création de lien social sur la durée est vraiment au cœur du projet, c’est pour cela que nous restons plusieurs jours sur chaque étape.

4 Quels types d’œuvres présentez-vous ?

Ingrid Brochard : Aujourd’hui, nous travaillons uniquement avec les FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain), avec l’idée, aussi, de faire la promotion des musées régionaux et du patrimoine artistique local. Ce sont donc des expositions qui changent en fonction du territoire… Cela ne veut pas dire que ce sont des artistes issus du terroir, mais que nous présentons des œuvres « domiciliées » dans la région. Par exemple, du 9 février au 12 avril 2019, nous sommes en Auvergne où nous présenterons des œuvres ayant déjà fait l’objet d’expositions au FRAC à Clermont-Ferrand (63), comme celles d’Abdelkader Benchamma, un artiste français exposé dans le monde entier, ou du dessinateur suisse Marc Bauer.

5 Comment est financé le projet ? Son avenir est-il assuré ?

Ingrid Brochard : Grâce à notre approche basée sur la promotion de l’art comme vecteur de lien social, nous avons obtenu une subvention de l’État (notamment dans le cadre du dispositif La France s’engage) et d’autres partenaires dont la Fondation d’entreprise du groupe Macif pour construire ce nouveau camion et avoir les fonds nécessaires au fonctionnement quotidien. Comme nos tournées ont beaucoup de succès, nous sommes déjà « bookés » jusqu’en 2021, avec un rythme de passage triennal dans les différents quartiers. Évidemment, notre souhait serait d’avoir plus de camions pour pouvoir démultiplier notre action. C’est quelque chose sur quoi nous allons travailler dans les mois à venir…

La culture pour tous !

En soutenant le MuMo, la Fondation d’entreprise du groupe Macif permet aux habitants des zones péri-urbaines et rurales d’accéder facilement à l’art. Une action qui lutte contre la fracture territoriale !

L'Essentiel de l'article
  • Le MuMo (musée mobile) est un camion qui présente une exposition itinérante d’art contemporain.
  • Il présente des œuvres des FRAC (Fonds régionaux d’art contemporain) auprès des publics ayant peu accès aux musées.
  • Il a été développé en collaboration avec l’artiste et designer Matali Crasset.
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