Omniprésents dans nos assiettes à petite dose, les pesticides de synthèse sont non seulement soupçonnés d’être des perturbateurs endocriniens mais également pointés du doigt dans la survenue de diverses maladies. D’où l’importance de limiter au maximum leur présence dans l’alimentation.
Insecticides, fongicides, herbicides, parasiticides… Les résidus de pesticides de synthèse présents dans les aliments constituent une véritable préoccupation pour 93 % des Français (1) qui s’inquiètent de leurs effets sur la santé. Et pour cause, aussi infimes soient-elles, ces traces ne seraient pas inoffensives. Alors que de nombreux pesticides sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens (2), l'Inra a récemment rappelé leur responsabilité, à fortes doses, dans la survenue d’irritation cutanée, de dérèglement du système nerveux central mais aussi de la maladie de Parkinson ou de cancers (3).
Problème, ces substances sont omniprésentes dans l’alimentation. Plus de 3 fruits sur 4 (72,6 %) et 4 légumes sur 10 (41,1 %) issus de l’agriculture non-biologique présentent ainsi des doses de pesticides supérieures à 0,01 milligramme par kilogramme (4). Les chasser de son assiette nécessite donc d'adapter ses habitudes de consommation.
- Lire aussi : 5 choses à savoir sur les perturbateurs endocriniens
62 %
des Français consomment des aliments bio.
C’est deux fois plus qu’il y a 20 ans. (1)
1 L’agriculture biologique, est-elle le meilleur rempart contre les pesticides ?
Se tourner vers le bio* apparaît comme le moyen le plus simple et le plus efficace d'éliminer les pesticides de son alimentation. D'autant que, contrairement aux idées reçues, ces produits ne sont pas exclusivement réservés à une clientèle aisée, comme le confirme Angélique Piteau, chargée de communication et de plaidoyer du réseau Cocagne.
« Nos 105 jardins produisent des légumes biologiques qui sont ensuite distribués sous forme de paniers hebdomadaires à nos adhérents-consommateurs. Notre objectif est de rendre l’alimentation durable accessible à tous et de prouver que, même avec un petit budget, il est possible de consommer des fruits et légumes bio », indique-t-elle. Et de préciser que les Jardins de Cocagne sont tous certifiés « Agriculture Biologique », un label qui atteste du non-recours à des pesticides de synthèse au cours de la production.
La Fondation d’entreprise du Groupe Macif soutient le Réseau Cocagne.
Le Réseau Cocagne, qu’est-ce que c’est ?
Le Réseau Cocagne est une structure d’insertion sociale et professionnelle composée de 105 jardins disséminés dans toute la France. Chaque semaine, des assortiments de fruits et légumes bio, frais et de saison sont vendus à des adhérents-consommateurs et/ou à des commerçants en circuit court.
2 « Les pesticides se concentrent dans la peau des fruits et légumes »
Dans le cas d'aliments non bio, l’élimination totale des pesticides s’avère plus compliquée, si ce n’est impossible. Un simple rinçage à l’eau ne suffit pas puisque ces substances pénètrent plus ou moins profondément dans les fruits et légumes. Mieux vaut donc les faire tremper plusieurs minutes dans une eau additionnée de bicarbonate de soude.
Une autre solution consiste à les éplucher avant de les consommer, « car les pesticides se concentrent surtout dans la peau des fruits et légumes. En ne l’ingérant pas, les risques sont certes réduits mais on perd en apport nutritionnel, une grande partie des fibres et vitamines de ces aliments se trouvant dans leur peau », prévient Angélique Piteau. « De même, s’agissant des céréales, les pesticides se retrouvent surtout dans les graines et enveloppes. Il est donc préférable de les consommer raffinées. »
Le saviez-vous ?
Près de 9 Français sur 10 (89 %) souhaitent être informés de la présence ou non de pesticides dans les produits alimentaires. (1)
3 Une sensibilité aux pesticides très disparate
Acheter des produits de saison et/ou privilégier les circuits courts permet également de limiter la charge toxique de son assiette. En effet, la réglementation française sur l’utilisation des pesticides étant plus stricte que de nombreux pays exportateurs, les produits de saison cultivés en France devraient en présenter une quantité moindre.
Enfin, sachez que les fruits et légumes ne sont pas tous égaux face à cette exposition.
« Les raisins par exemple, sont très sensibles aux parasites et donc très traités. Les résidus y sont donc nombreux. L’arboriculture est également connue pour avoir énormément recours aux pesticides car les parasites y sont très résistants. Mais paradoxalement, ces parasites ont développé leur résistance à la suite de l’utilisation massive de ces substances. Aujourd’hui, nous voyons donc les limites des solutions chimiques. La meilleure alternative désormais semble être de revenir au bio », estime Angélique Piteau.
En attendant le tout bio, il est recommandé d’opter pour les fruits et légumes les moins exposés (maïs, asperges, betteraves, patates douces, oignons, potirons, avocat, kiwi, banane ou ananas) et d’éviter les raisins, cerises, framboises et groseilles non issus de l’agriculture biologique (4).
Viandes, poissons, laitages
La consommation de produits d’origine animale peut exposer aux pesticides de synthèse si les espèces concernées (bétail, volaille, poissons, etc.) consomment elles-mêmes des plantes ou céréales saturées en pesticides. En effet, des traces résiduelles de ces substances seront alors présentes dans les graisses animales, le foie, les reins ou le lait. Toutefois, selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, la majorité des aliments d'origine animale (84,4 %) (5) sont exempts de résidus de pesticides de synthèse quantifiables.
Quoi qu’il en soit, pour limiter les risques, mieux vaut opter pour de la viande, du poisson et des laitages certifiés AB ou Bio. Ces labels de la Communauté européenne certifient que les animaux ont reçu une alimentation issue de l’agriculture biologique, saine et variée. En cas de maladie, ils doivent être soignés au moyen de thérapies naturelles et, par ailleurs, pouvoir bénéficier d’espace suffisamment vaste pour évoluer en liberté.
Sources :
(1) Ifop/WWF, Les Français pour un changement de modèle agricole, 2017
(2) Ministère de la Transition écologique et solidaire, « Liste des produits biocides susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes », 2017
(3) INRA, « Pesticides, une trop grande dépendance », 2014
(4) Générations Futures, « Rapport sur les résidus de pesticides dans les aliments », 2018
(5) European Food Safety Authority, « Résidus de pesticides dans les aliments : le risque pour les consommateurs reste faible », 2017
* Le ministère de l’Agriculture définit l’agriculture biologique (ou le bio) comme un mode de production trouvant son originalité dans le recours à des pratiques culturales et d’élevage soucieuses du respect des équilibres naturels ; et excluant l’usage des produits chimiques de synthèse et des OGM, entre autres.