Les Français, touristes responsables ?

Le tourisme durable est en plein boom et se développe à la faveur des nouvelles attentes et des nouvelles pratiques d’un public de plus en plus sensible aux questions de respect des populations et de l’environnement. Et en France, ça se passe comment ?

Temps de lecture : 6 min

1 Écotourisme, agrotourisme, tourisme durable : de quoi parle-t-on ?

Le tourisme « durable » ou « responsable » englobe toutes les formes de tourisme qui cherchent à minimiser leur impact sur l’environnement tout en contribuant au développement des communautés concernées. L’écotourisme se concentre sur l’approche écologique, le tourisme équitable sur le développement économique durable et le tourisme éthique sur le respect de la nature et des hommes.

Bien que ces tendances soient en augmentation (+ 20 % par an), le tourisme responsable ne représente encore que 1 % du tourisme en France. Pourtant, avec sept Français sur dix intéressés par le phénomène, il y a fort à parier que le touriste de demain sera majoritairement « responsable »(1). On ne peut pas en dire autant du touriste d’aujourd’hui, qui, lui, a une belle marge de progrès…

38 %

des Français préfèrent une résidence de vacances écologique, et 27 % privilégient les hôtels labellisés écoresponsables.*

2 L’hébergement : écolo, mais pas trop

Sur le volet hébergement, les nouvelles pratiques en la matière portent avant tout sur le fait de pouvoir opter pour des hôtels, des résidences, des gîtes ou des campings mettant en œuvre une politique respectueuse de l’environnement : approvisionnement énergétique, circuits courts, gestion des déchets…

Hébergement responsable peut-être, mais les vacanciers hexagonaux sont moins exigeants avec eux-mêmes : 72 % déclarent renouveler quotidiennement leurs serviettes lorsqu’ils sont à l’hôtel, contre 55 % pour les Allemands(2). Utiliser les serviettes plusieurs jours de suite, comme on le fait chez soi, permet pourtant de limiter les lessives, de faire « tourner » moins de machines à laver et donc de consommer moins d’eau et d’électricité.

Autre indicateur signifiant : au niveau mondial, la climatisation dans une chambre d’hôtel fait partie, pour 63 % des voyageurs, des équipements indispensables ; sans cela, ils risquent de ne pas choisir l’établissement(3). De nos jours, le confort en vacances prime encore sur l’écologie !…

3 Transports : la route est encore longue

Les déplacements touristiques en Europe représentent 8 % des émissions de gaz à effet de serre. Principaux responsables : les longs trajets en avion et en voiture, qui émettent 13 et 10 fois plus de gaz à effet de serre qu’un trajet en train(4).

Le covoiturage serait-il l’alternative qui mettrait tout le monde d’accord ? Pas si sûr, puisqu’un Français sur cinq seulement y a déjà eu recours pour ses vacances, contre un sur quatre pour se rendre au travail. Note positive pour l’avenir : les Millennials (la génération née entre 1980 et la fin des années 1990), sont, quant à eux, 31 % à choisir le covoiturage pour leurs vacances, 39 % pour partir en week-end et 34 % pour aller travailler(5).

Les labels du tourisme responsable

  • Label Clef verte

    Un écolabel international qui certifie les qualités environnementales des hébergements et de la restauration.
  • Ecogîte® 

    Label de Gîtes de France, qui certifie les gîtes conçus ou restaurés selon des techniques ou matériaux ayant un faible impact sur l’environnement.
  • Label ATR

    Atteste de l’engagement des opérateurs de voyage souhaitant agir pour un tourisme responsable.

4 Restauration : locavores* dans l’âme

En revanche, côté gastronomie, les Français ont un budget alimentation qui compte pour 35 % des dépenses liées aux vacances(6). Pas de problème pour manger local, au contraire, ils adorent ! Ils sont même 46 % à choisir leur destination en fonction des spécialités culinaires. Selon la même étude, 87 % d’entre eux se lancent dans un véritable marathon pour goûter le plus de spécialités locales possible, et quatre Français sur dix se disent prêts à manger comme les habitants(7).

En France, si le bio est encore sous-représenté dans l’offre de restauration, la création du label « Fait maison » devrait satisfaire l’amour des touristes (y compris étrangers) pour les petits plats mijotés sur place.

* Néologisme formé des mots « local » et « omnivore » pour désigner le fait de consommer principalement des denrées sourcées localement.

5 Nature : peuvent mieux faire…

Une autre étude pointe une tendance peu flatteuse chez les vacanciers : si neuf Français sur dix disent faire des efforts pour préserver l’environnement durant l’année, ils sont nettement plus relâchés en été… Exemple pour le tri sélectif : 65 % le pratiquent pendant l’année, contre 57 % sur le lieu de vacances(7).

Sur le respect de la nature, là encore les comportements détonnent par rapport aux attentes : 90 % des touristes se disent sensibles à la beauté des paysages traversés sur la route des vacances ; ils sont pourtant un sur cinq à jeter des mégots par la fenêtre de leur voiture, et un sur quatre à se débarrasser des déchets organiques (trognons, restes divers…) de la même façon(8).

Résultat : près de 5 000 tonnes de déchets (soit 258 camions-bennes) sont ainsi collectés chaque année le long des autoroutes(8).

57 %

des Français pratiquent le tri sélectif sur leur lieu de vacances, contre 65 % chez eux.**

L'Essentiel de l'article
  • Les Français se disent sensibles au sujet du tourisme responsable, mais dans les faits, c’est plus compliqué…
  • La voiture reste le moyen préféré des Français pour partir en vacances.
  • Les Français en vacances sont de grands amateurs de spécialités culinaires locales !
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