Fact-checking : la noyade sèche existe-t-elle ?

À l’approche de l’été, le sujet de la « noyade sèche » fait régulièrement surface. Ce concept de noyade « à retard » existe-t-il vraiment ? Éclairage du Pr Pierre Michelet, chef du service des urgences de l’hôpital de la Timone, à Marseille et spécialiste de la physiopathologie de la noyade.

Mis à jour le 30/07/21

Temps de lecture : 5 min

à propos du contributeur

Pr Pierre Michelet

Spécialiste de la physiopathologie de la noyade

Marseille

1 La noyade sèche est forcément précédée de signes annonciateurs

« La noyade sèche n’est pas un terme médical, insiste le Pr Pierre Michelet, spécialiste de la réanimation et de l’urgence. En 2005, les plus grands scientifiques mondiaux, se sont réunis, sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé, pour définir la noyade. Ce qui est nommé “noyade sèche” ou “noyade secondaire”, est en réalité une défaillance respiratoire due à une submersion ou une immersion dans un milieu liquide. »

Le syndrome de « noyade sèche » décrit dans les médias est forcément précédé de signes annonciateurs. Il peut intervenir suite à une noyade évitée à laquelle personne n’a fait attention par exemple et durant laquelle l’enfant aurait avalé une grande quantité d’eau.

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C’est le nombre de noyades qui ont eu lieu en France entre le 1er juin et le 25 juillet 20211, dont 131 suivies de décès.

2 Gare à la détresse respiratoire

« Il arrive, quand un enfant sort de l’eau après y être resté un peu trop longtemps, qu’il ait les lèvres, le nez, le bout des doigts ou les lobes des oreilles bleus. C’est ce qu’on appelle la cyanose. Ces signes peuvent indiquer que l’enfant a froid, comme le pensent régulièrement les parents, mais ils peuvent aussi révéler un manque d’oxygène, c’est-à-dire une hypoxémie. »

Il faut donc être prudent quand un enfant a bu la tasse, quand il sort de l’eau en toussant énormément, ou que les extrémités de son corps sont bleues, car il peut s’agir d’une détresse respiratoire qui risque de s’aggraver.

« Très souvent, c’est ce que l’on constate aux urgences. Les parents vous disent que l’enfant allait bien au début, qu’il ne faisait que tousser, explique le Pr Michelet. En fait, s’il toussait, c’est par ce qu’il avait de l’eau dans les poumons. »

Pour le médecin clinicien, il est important de pondérer les choses.

« En France, dans les piscines publiques et sur les plages, on a un maillage de secouristes professionnels qui connaissent parfaitement leur travail. Il ne faut pas hésiter à demander l’avis au professionnel sur place, qui donnera l’alerte si nécessaire. Si le doute persiste et que l’on est inquiet, il faut alors appeler le Samu pour être rassuré ou avoir recours à un médecin. »

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Prévenir le risque de baignade des enfants

Une surveillance accrue

Pour éviter les accidents de baignade, il importe de toujours surveiller son enfant ou de le laisser sous la surveillance d’un adulte, et de vérifier la présence d’un maître-nageur sauveteur sur le lieu de baignade.

« Un enfant ne doit jamais être lâché des yeux, insiste le Pr Michelet. Les mesures de sécurité ne doivent jamais être abaissées. Les barrières d’une piscine privée doivent être tout le temps fermées, même quand on se trouve à deux mètres. Un enfant, surtout en bas âge, quand il chute dans l’eau, il ne se débat pas, on ne l’entend pas, il tombe à pic. »

Évaluez la profondeur de l’eau

Avant de laisser son enfant jouer dans l’eau, les parents doivent au préalable évaluer la profondeur pour s’assurer qu’il aura pied, « notamment dans les cours d’eau où il peut y avoir des trous. Parfois, le fond peut chuter brusquement, c’est très souvent le cas dans les lacs artificiels. »

Veillez à ce que l’enfant ne se fatigue pas dans l’eau

« Les enfants ne doivent pas rester trop longtemps dans l’eau, poursuit le Pr Michelet. Car ils vont se fatiguer, et risquent, à la longue, en s’amusant avec les frères et sœurs ou autres, par boire la tasse. »

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L'Essentiel de l'article
  • La noyade dite sèche est en fait une complication d’une noyade classique.
  • Après un accident aquatique, même léger, il faut rester vigilant : une toux incessante ou des lèvres bleues sont des signes d’alerte.
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