La diversification alimentaire menée par l’enfant : quand et par où commencer ?

Apparue au Royaume-Uni au début des années 2000, la diversification alimentaire menée par l’enfant, plus connue sous la forme abrégée DME, s’impose comme une alternative à la diversification alimentaire classique. En quoi consiste-t-elle ? Quels sont les avantages et les inconvénients de cette alimentation autonome ? Comment s’y prendre ?

Temps de lecture : 10 min

À noter

Si vous avez des antécédents allergiques dans votre famille, susceptibles de toucher bébé, demandez l’avis de votre médecin ou pédiatre avant de vous lancer dans une diversification alimentaire menée par l’enfant. Le professionnel de santé saura vous guider dans le choix des aliments à privilégier ou à éviter.

Qu’est-ce que l’alimentation DME ?

La diversification alimentaire menée par l’enfant est l’introduction d’aliments solides dans l’alimentation de l’enfant, en plus du lait maternel ou du lait maternisé. La DME se fait à partir de 5-6 mois, lorsque l’enfant est prêt à se nourrir de façon plus variée et à mâcher des aliments solides. Ainsi, contrairement à la diversification classique – où purées et compotes sont de rigueur –, bébé mange seul et avec des morceaux. 

Quel est l’intérêt de la DME ?

La diversification alimentaire menée par l’enfant permet de compléter l’alimentation de l’enfant en lui apportant d’autres nutriments essentiels, tels que les vitamines, les minéraux et les fibres. Les avantages autres de la DME sont nombreux. Elle permet – entre autres – de : 

  • l’aider à développer sa motricité fine ;
  • l’habituer à de nouveaux goûts et textures, réduisant ainsi le risque de néophobie alimentaire et de refus alimentaire autour des 2-3 ans ;
  • développer la musculature du palais et aider l’enfant à mieux mâcher les aliments ;
  • développer son autonomie.

Cependant, il faut savoir que la diversification alimentaire menée par l’enfant peut être un peu plus difficile à gérer que la diversification classique où le parent nourrit lui-même le bébé de compote et purée, car elle nécessite une plus grande organisation et une plus grande vigilance de la part des parents. Parmi les principaux inconvénients de la DME, on retrouve : 

  • le temps : l’enfant va hésiter, tâtonner, goûter, recracher… puis remettre à la bouche. Le repas deviendra donc un vrai jeu de patience ;
  • le manque de propreté : l’alimentation autonome expose au fait d’en retrouver partout, et souvent plus à côté de la bouche que dans la bouche ;
  • le fait d’être constamment en alerte : avec des risques de fausse route, et un réflexe de nausée accrue, l’enfant ne doit jamais être laissé seul lors du repas (ceci est d’ailleurs valable quel que soit le type d’alimentation de l’enfant). Il faut donc lui apporter une attention permanente et ne jamais le lâcher du regard.
Un bébé mange en autonomie

Comment savoir si mon enfant est prêt pour la diversification ?

Il n’y a pas de règles strictes quant à l’âge pour commencer la diversification alimentaire menée par l’enfant, mais il est généralement recommandé d’attendre que l’enfant ait au moins 5 mois. Il est essentiel que l’enfant ait un bon port de tête, qu’il sache se tenir assis par lui-même avec appui, et qu’il ne bascule pas en avant lorsqu’il est assis sur la chaise haute. Seul votre pédiatre pourra vous dire si vous pouvez démarrer cette méthode avec votre enfant. Cependant, certains signes peuvent indiquer que l’enfant est prêt à se nourrir de façon plus variée, comme s’il essayait d’attraper et de mâcher les aliments que vous mangez, ou s’il semblait intéressé par ce que vous mangez. 
Toutefois, il est important de prendre en considération des éléments propres à votre enfant (sortie des dents, fragilité ou non de son transit par exemple). Si vous avez des doutes, n’hésitez pas à en parler à votre pédiatre.

Comment s’y prendre ?

Il est important de ne pas trop en faire au début et de ne surtout pas forcer l’enfant à manger plus qu’il ne le souhaite. Comme pour la diversification classique, commencez par lui proposer de nouveaux aliments un par un, en petites quantités, et augmentez progressivement les portions. Laissez-le lui-même décider de la quantité qu’il veut manger, et ne le forcez pas à finir son assiette. Le lait infantile ou maternel reste l’aliment principal jusqu’au moins son premier anniversaire. 

Aussi, veillez à respecter quelques règles de base : 

  1. Bien installer bébé
    Il est important de bien installer l’enfant pour qu’il soit à l’aise et en sécurité pendant qu’il mange. Vous pouvez le mettre dans une chaise haute ou dans un siège adapté à son âge, il doit être attaché pour éviter toute chute, mais sans être entravé dans ses mouvements.
     
  2. Être au calme
    Veiller à ce que l’enfant ne soit pas distrait et puisse porter toute son attention sur son repas. On éloigne les écrans (TV, téléphone, etc.). 
     
  3. Veiller à couper des morceaux adaptés à son âge
    Les morceaux doivent être suffisamment petits pour que l’enfant puisse les mâcher facilement et sans danger. Vous pouvez vous baser sur sa motricité pour déterminer la bonne taille :
  • il saisit à pleine main ? Les morceaux doivent être un peu moins grands que la taille de sa paume, mais mous (des légumes très fondants par exemple) afin qu’ils se désagrègent tout seuls dans sa bouche ;
  • s’il les attrape avec deux ou trois doigts, alors ils peuvent être plus petits, jusqu’à pouvoir lui proposer des aliments comme du riz ;
  • en cas de doute, on conseille des morceaux d’un centimètre maximum pour qu’ils passent dans l’œsophage sans encombre.
Un bébé mange avec les doigts

Quels aliments pour commencer la DME ?

Privilégiez les aliments les plus riches en nutriments essentiels pour l’enfant :

  • les légumes et les fruits ;
  • les céréales complètes ;
  • les viandes et les poissons.

À l’inverse, il est important de limiter et d’intégrer avec une vigilance particulière les aliments susceptibles de provoquer des allergies, tels que les arachides, les noix, le soja, les produits laitiers, le blé, ou encore les œufs

Certains aliments sont d’ailleurs à proscrire avant 12 mois. C’est le cas notamment pour :

  • le miel ;
  • le lait cru (jusqu’à 3 ans) ;
  • le sel ;
  • les œufs (sauf œufs durs bien cuits)… En effet, les œufs peuvent être une source potentielle de salmonellose, une infection bactérienne potentiellement grave. Les enfants sont plus susceptibles de contracter cette infection que les adultes, car ils ont un système immunitaire immature. 

Aussi, favorisez les aliments non transformés tels que les fruits et les légumes frais, les produits laitiers entiers, les viandes et les poissons frais ou congelés, et les céréales complètes. Ils sont généralement plus riches en nutriments essentiels que les aliments transformés et n’ont pas été soumis à des procédés de fabrication qui peuvent détériorer certains nutriments. 

●    Quels fruits et légumes pour la DME ?

Il n’y a pas de règles strictes quant aux légumes et aux fruits à donner en DME. Il est recommandé de privilégier ceux qui sont riches en vitamines, minéraux et fibres.

Les légumes tels que les épinards, les carottes, les courgettes, les brocolis et les choux de Bruxelles sont particulièrement riches en nutriments.

Côté fruits, misez sur les oranges, les pommes, les bananes, les fraises et les myrtilles. 

La diversification alimentaire de bébé mois par mois

●    Quelle alimentation DME à 5-6 mois ?

À 5 mois, l’enfant peut commencer à manger des aliments solides, en plus du lait maternel ou du lait maternisé qui reste l’aliment principal jusqu’à au moins ses 12 mois. Il est recommandé de commencer par des aliments très souples et très faciles à défaire avec les gencives, tout en restant assez fermes pour ne pas s’écraser totalement dans la main.

Commencez avec des légumes de saison, tendres ou bien cuits, en lanières, en bâtonnets ou en bouquets (carotte, brocoli, poivron, asperge, etc.) ou des fruits mous ou très mûrs (banane, avocat, pomme cuite, etc.).

Côté quantité, le rythme d’alimentation est de quatre repas par jour, à heures régulières, en gardant au moins deux repas lactés au biberon, par exemple le matin et au dîner. La DME peut venir en complément du repas de midi et du goûter, pour commencer en douceur.

●    Quelle alimentation DME à 7 mois ?

À partir de 7 mois, vous pouvez intégrer :
-    de la viande tendre ou effilochée ;
-    du poisson ;
-    des féculents ;
-    des céréales, complètes ou non, comme des croûtons de pain (dont les bébés raffolent !) ;
-    des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots secs, etc.). Riches en fibres et en protéines, ils peuvent même remplacer la viande de temps en temps ;
-    des produits laitiers : petits suisses, yaourts, fromage blanc, nature ou aromatisés. En revanche, on évite les versions allégées et on proscrit les fromages au lait cru.


Côté quantité, le rythme d’alimentation reste le même qu’à 6 mois, avec quatre repas par jour, à heures régulières, et toujours en petites portions. 

●    Quelle alimentation DME à 8 mois ?

Légumes, fruits, céréales, protéines… la diversification alimentaire devient de plus en plus riche au 8e mois de bébé. Vous pouvez lui proposer des menus variés et équilibrés respectant ses besoins nutritionnels. Les portions augmentent peu à peu, tout en restant petites. Le lait au biberon demeure l’aliment principal de bébé durant sa première année.

●    Quelle alimentation DME à 9 mois ?

Vers 9 mois, bébé fait la pince entre le pouce et l’index. Résultat ? Il est possible d’intégrer des morceaux beaucoup plus petits en coupant la viande finement, en lui proposant des tomates cerises coupées, des coquillettes, etc. Variez de plus en plus les plaisirs pour faire découvrir toujours plus de textures et de goûts à votre enfant. 

●    Quelle alimentation DME à 12 mois ?

À 1 an, le système digestif de bébé n’est plus immature, et ses dents (incisives et molaires) – si elles sont sorties – lui permettent désormais de croquer et mastiquer. Vous pouvez lui proposer des fruits et légumes crus ou cuits (en veillant toutefois à leur découpe adaptée à bébé), mais aussi de la viande, du poisson, des féculents, etc. Son alimentation devient quasiment aussi variée que celle d’un adulte, mais en quantité toujours plus réduite. 

Lire aussi : Comment éduquer les enfants aux goûts ?

À savoir

Le réflexe nauséeux (appelé aussi réflexe vomitif, réflexe pharyngé ou « gag reflex » en anglais) sert à prévenir le risque d’étouffement. Si l’enfant tente d’ingurgiter un morceau trop gros, ce réflexe permettra de repousser le morceau à l’avant de la bouche pour le mastiquer à nouveau avant de l’avaler. Même si cela peut être impressionnant, il ne faut pas s’en inquiéter et le confondre avec un début d’étouffement. Adaptez alors la taille des morceaux.
 

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L'Essentiel de l'article
  • La DME commence entre les 5 et 6 mois de l’enfant.
  • La diversification est progressive, selon l’âge et les capacités motrices de bébé.
  • Certains aliments sont à éviter avant les 12 mois.
  • Avant de commencer la DME, il est conseillé d’en parler à un pédiatre.
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