« Après un cancer, retravailler permet de reprendre sa vie en main »

Le cancer est tabou en entreprise. Pour Hélène Bonnet, salariée dans l’industrie pharmaceutique, le retour au travail après un cancer a été plus dur que prévu. Elle plaide aujourd’hui pour une sensibilisation de tous dans le monde professionnel.

Temps de lecture : 4 min

à propos du contributeur

Hélène Bonnet

Ancienne malade du cancer

1 Quelle place prend le travail après un diagnostic de cancer ?

Hélène Bonnet. Quand on apprend qu’on est malade, votre vie bascule et les priorités changent brutalement. Il faut avant tout penser à se soigner bien sûr, et malheureusement reléguer le travail au deuxième ou au troisième plan. La maladie vous fait alors prendre conscience que le travail a une importance capitale dans la vie de tous les jours. Le travail est à mon sens structurant : d’une part, il vous permet de vous sentir utile dans la société et, d’autre part, il vous permet de maintenir un lien social avec vos semblables.

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Quand on commence une chimio, peut-on continuer à travailler ?

Hélène Bonnet. Certains traitements sont compatibles avec une activité professionnelle, d’autres pas. Pour ma part, j’ai arrêté de travailler neuf mois pour suivre mon parcours de soins : un véritable temps plein !

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3 Avez-vous parlé de votre maladie au travail ?

Hélène Bonnet. Dès les premiers examens médicaux, j’ai informé mon manager. Ça m’a permis de transmettre plus facilement mes dossiers à l’équipe et de partir plus « tranquille ». Sur le moment, en parler m’a aidée à mieux vivre l’arrêt et le retour. Aujourd’hui cela contribue à briser le tabou, s’entraider et faire changer les regards.

4 Comment s'est passé votre retour au travail ?

Hélène Bonnet. À mon retour, j’ai pu bénéficier d’un aménagement de mes horaires et de mes tâches pour reprendre progressivement. Ce temps indispensable est à gérer étroitement avec le manager et les collègues et surtout avec ses managers : plus tout le monde est au diapason, plus le retour se passe bien. La visite de préreprise est très importante à ce titre.

63 %

des personnes en emploi au moment du diagnostic de cancer ont pu bénéficier d’un aménagement de poste. (2)

5 Comment votre entourage professionnel a-t-il réagi ?

Hélène Bonnet. Quand on revient, le travail est un véritable soutien, le signe que l’on reprend sa vie en main. Mais c’est un moment délicat. Même si les collègues sont bien intentionnés, les réactions ne sont pas toujours adaptées : parfois trop protectrices – et donc qui ramènent sans cesse à la maladie, parfois comme si rien n’avait changé, ce qui est bien sûr faux.

6 Comment changer le regard sur le cancer en entreprise ?

Hélène Bonnet. Les séquelles des traitements, comme les troubles de la mémoire, sont peu connues. Il faut informer davantage sur ce temps incompressible de rétablissement. C’est la raison pour laquelle nous avons ouvert des espaces de parole dans mon entreprise, où toute personne touchée directement ou indirectement par le cancer peut venir discuter et s’informer.

Le saviez-vous ?

La Fondation Macif soutient l'association Rose. Lauréate P'INS 2018, l'association a créé des maisons d'accueil destinées aux femmes atteintes d'un cancer, à leur entourage, à celles qui sont dans la maladie ou viennent d'en sortir. Elles offrent entre autres écoute, conseils (juridiques par ex.), sport adapté, ateliers coiffure, ateliers cuisine vitaminée, échanges entre pair.

L'Essentiel de l'article
  • Le cancer et les traitements peuvent laisser des séquelles durables et influer à terme sur le travail des personnes touchées.
  • L’employeur est tenu d’examiner les éventuelles propositions d’aménagement de poste émises par le médecin du travail. (1)
  • Les visites médicales de préreprise permettent de s’informer sur les dispositifs d’aide au retour au travail.
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