Contre le cancer, la médecine progresse !

Les traitements du cancer ont beaucoup progressé en dix ans, avec une nette amélioration de la survie des patients. Des traitements comme les thérapies ciblées et les immunothérapies offrent en effet de nouveaux espoirs, comme l’explique Jacqueline Godet, présidente de la Ligue contre le cancer.

Mis à jour le 03/10/2022

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

Jacqueline Godet Professeur en génétique, présidente de la Ligue contre le cancer
Jacqueline Godet

Professeur en génétique, présidente de la Ligue contre le cancer

1 En quoi consistent les nouveaux traitements contre le cancer ? Comment fonctionnent-ils ?

Jacqueline Godet : Les thérapies ciblées sont fondées sur la détection de mutation dans le génome des tumeurs. Des médicaments peuvent alors cibler les conséquences de la mutation, et lutter ainsi contre la multiplication des cellules cancéreuses, quel que soit le cancer. Les immunothérapies tirent parti des défenses immunitaires des patients, en les stimulant ou en utilisant directement certains anticorps capables de lutter contre les tumeurs cancéreuses.

2 Ces nouveaux traitements expliquent-ils à eux seuls l’augmentation des chances de guérison ?

J. G. : Ce ne sont en effet pas les seules raisons : il y a eu aussi beaucoup de progrès dans les traitements plus classiques, notamment la radiothérapie. Ils sont beaucoup mieux ciblés, et donc atteignent moins les tissus sains autour de la tumeur. Ils sont aussi mieux dosés, soit par fractionnement de la dose soit par contrôle très précis des doses administrées. Ils provoquent donc moins de séquelles lourdes. Concernant la chirurgie, qui reste un traitement très important des cancers, là aussi il y a beaucoup de progrès. Les actes chirurgicaux sont aujourd’hui assistés par des techniques d’imagerie beaucoup plus précises, et par la robotique toujours plus performante.

La conséquence, c’est qu’on guérit beaucoup plus de cancers, environ 60 % contre moins de 30 % il y a cinquante ans. C’est le cas notamment pour le cancer du sein, et pour le cancer du côlon qui se guérit dans 95 % des cas quand il est détecté très tôt.

99 femmes sur 100

avec une détection précoce d'un cancer du sein sont en vie 5 ans après le diagnostic.*

3 Justement, quelle est l’importance du dépistage dans la lutte contre le cancer ?

J. G. : Le rôle du dépistage est fondamental dans les chances de guérison. Pour reprendre l’exemple du cancer du sein et du côlon, un dépistage précoce de la maladie augmente considérablement les chances de guérison et de survie sans récidive.

Malheureusement, les Français ne sont pas très mobilisés par les campagnes de dépistage organisé… Par exemple, chez les jeunes filles, on n’a que 34 % de couverture vaccinale contre le virus HPV responsable de nombreux cancers du col de l’utérus, alors qu’au Royaume-Uni, en Norvège et en Suède, on atteint 85 % ! Pour le cancer du sein, ça fait plusieurs années qu’on est « coincés » sur 54 % de taux de dépistage, malgré la mise en place d’Octobre Rose. C’est très difficile de faire bouger les choses…

 

Scientifique

 

 

4 Quels sont les principaux freins dans la lutte contre le cancer ?

J. G. : Actuellement, il y a 40 % de cancers qu’on n’arrive pas à guérir ; il faut donc poursuivre une recherche intensive sur ces cas difficiles. C’est le cas notamment du cancer du pancréas, dont la fréquence augmente et qui répond mal aux traitements actuels. C’est aussi le cas des tumeurs cérébrales, dont il existe des formes très différentes, mais qui sont pour beaucoup très difficiles à traiter.

L’autre point, c’est le coût des médicaments, qui sont très chers, d’autant qu’il faut souvent combiner plusieurs médicaments, notamment en immunothérapie, pour obtenir le maximum d’efficacité. La question est donc de savoir comment fournir ces traitements à toutes les personnes qui en ont besoin, sans créer d’inégalités de chance entre les patients.

5 Quelle est la place de la prévention dans l’arsenal thérapeutique anticancer ?

J. G. : La prévention est l’un des moyens les plus efficaces de lutter contre le cancer : les études montrent que 40 % des cancers sont évitables ! 

Nous organiserons en novembre les premiers États généraux de la prévention du cancer, comme nous avions organisé, il y a vingt ans, les États généraux des malades qui ont été à l’origine du premier Plan Cancer du gouvernement et de la création de l’Inca (Institut national du cancer). L’objectif est d’élaborer un plan à destination des citoyens pour les inciter à changer leurs comportements en matière d’alimentation, d’hygiène de vie, d’activité physique… Et aussi, bien sûr, à participer aux campagnes de dépistage.

Bon à savoir

La Ligue contre le cancer est une association caritative. C'est la seule dans le domaine de la cancérologie présente sur tout le territoire français avec 103 comités départementaux. Une proximité fondamentale pour lui exercer sa mission d’écoute et d’accompagnement des patients, avant et après la maladie.

La Fondation Macif soutient la Ligue contre le cancer avec PluriElles, un programme qui vient en aide chaque année à plus de 300 mères en situation de précarité atteintes de cancer.

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L'Essentiel de l'article
  • 60 % des cancers peuvent aujourd’hui être guéris.
  • L’immunothérapie agit en stimulant le système immunitaire du patient.
  • Les thérapies ciblées s’attaquent directement aux cellules cancéreuses.
  • Les traitements chirurgicaux et la radiothérapie ont aussi beaucoup progressé.
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