Aveugles et malvoyants : les assistants vocaux menacent-ils l’apprentissage du braille ?

Outil incontournable d’accès à l’éducation et à l’emploi, le braille n’est maîtrisé que par 15 % des aveugles et malvoyants (1). Réputé long et difficile à apprendre, le braille souffre de plus en plus de la concurrence des assistants vocaux. Son apprentissage est-il menacé ?

Temps de lecture : 5 min

à propos du contributeur

Vincent Michel

Président de la Fédération des aveugles de France

1 Le braille, un apprentissage important

À la différence de la langue des signes, le braille créé entre 1825 et 1829 par Louis Braille n’est pas un langage. C’est un alphabet qui permet aux personnes nées aveugles ou malvoyantes d’apprendre à lire et écrire et pouvoir aborder la lecture et l’écriture classique. L’apprentissage du braille est néanmoins en baisse selon l’Union Mondiale des Aveugles (1).

« Les jeunes aveugles étudient le braille. Mais avec l’inclusion scolaire, les enseignants ne sont pas toujours formés et vont donc avoir plus facilement recours aux techniques vocales. À la maison, ces assistants vocaux peuvent également détourner des efforts nécessaires à l’apprentissage, affirme Vincent Michel, président de la Fédération des aveugles de France. Le braille reste le fondement de l’éducation et d’une approche approfondie du savoir. C’est la seule façon d’accéder au monde de l’écrit, à la connaissance de l’orthographe, à la connaissance de langues étrangères, etc. Le braille permet aussi de compter et même de composer de la musique. De grands artistes comme Stevie Wonder ont pu exprimer leur talent grâce au braille ! »

Ainsi, apprendre le braille à un jeune, c’est lui éviter une forme d’illettrisme et donc l’aider dans sa vie future. « Ne pas connaître le braille, c’est être confronté à un handicap supplémentaire. Celui de ne savoir ni lire, ni écrire, ni compter, ce qui est essentiel pour décrocher un diplôme et un emploi une fois adulte. »

2 Braille + vocal = le combo gagnant

Aujourd’hui, 15 % des déficients visuels maîtrisent le braille (2). Un chiffre qui peut paraître faible, mais qui s’explique en grande partie par l’âge d’entrée dans la cécité. En effet, le vieillissement des yeux à partir de 40-50 ans entraîne une baisse de la vue naturelle, parfois accompagnée de maladies oculaires telles que la DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) ou le glaucome (dégénérescence du nerf optique), par exemple.

« Chez les plus de 45 ans, l’apprentissage est plus ardu que chez les jeunes et les enfants. Plus on est âgé, plus ça prend du temps pour arriver à le lire dans de bonnes conditions », explique Vincent Michel. Heureusement, ceux qui sont devenus aveugles ou malvoyants visuels sur le tard maîtrisent généralement les fondamentaux de la lecture, du calcul et de l’écriture. Le braille reste important, mais n’est pas essentiel.

La diminution du nombre de personnes aveugles ou malvoyantes apprenant le braille s’explique également par l’arrivée sur le marché de nouvelles solutions technologiques, à l’instar des aides vocales qui offrent une aide précieuse pour les handicapés visuels au quotidien. Ne serait-ce que pour savoir quel temps il fait le matin et donc quelle tenue choisir ou encore, pour commander leur maison par la voix (allumer les lumières, par exemple).

Aucune raison donc d’opposer braille et technologie. Au contraire, il est intéressant de les combiner. D’autant que, comme le souligne Vincent Michel, lire est un plaisir irremplaçable : « Écouter, ce n’est pas lire ! Les livres audio sont des suppléants. » Pour le président de la Fédération des aveugles de France, l’idée n’est donc pas d’exclure le vocal, mais de faire attention à ce qu’il ne compromette pas l’apprentissage du braille chez les plus jeunes aveugles ou malvoyants de nature. Pour aller plus loin : Vincent Michel, Croire sans voir, éditions du Cerf

  • Pour aller plus loin : Vincent Michel, Croire sans voir, éditions du Cerf

Le saviez-vous ?

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Chiffre-clé

Seuls 6 % des livres sont adaptés à l'usage des aveugles et malvoyants (livres en braille et livres audio). (2)

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L'Essentiel de l'article
  • Plus on est âgé(e), plus l’apprentissage du braille est difficile.
  • Les assistants vocaux sont un bon complément au braille mais ne peuvent pas le remplacer.
  • Le braille est un outil incontournable pour l’éducation et l’accès à l’emploi.
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