Allergie alimentaire chez l’enfant : comment les détecter ?

Comment savoir si votre enfant est allergique et quelles démarches effectuer ? Jocelyne Just, chef du service d’allergologie pédiatrique à l’hôpital parisien Trousseau et ex-présidente de la Société française d’allergologie, répond à toutes vos questions.

Temps de lecture : 6 min

à propos du contributeur

Jocelyne Just

Ex-présidente de la Société Française d’allergologie

Paris

1 Quels sont les symptômes d’une allergie alimentaire ?

Jocelyne Just : Les symptômes d’une allergie alimentaire sont visibles entre 20 minutes et deux heures après l’ingestion de l’aliment en question. Chez les nourrissons et chez les enfants, l’allergie atteint souvent le tube digestif et provoque des vomissements, des diarrhées ou des douleurs abdominales, mais les symptômes peuvent être plus sévères : urticaire autour de la bouche, œdème des lèvres et de la langue, irritation de la gorge, diarrhée, vomissements, asthme... Dans des cas extrêmes, une allergie alimentaire peut provoquer un choc anaphylactique, qui se traduit souvent par une chute de la tension artérielle voire une perte de conscience, qui exceptionnellement peut être fatal.

Entre 5 et 8 % des enfants

seraient touchés par une allergie alimentaire, contre 3 % des adultes (3).

2 Quels sont les aliments le plus souvent en cause ?

Jocelyne Just : Le lait de vache, les œufs et l’arachide sont les aliments les plus connus pour provoquer une réaction allergique chez l’enfant (1). En grandissant, s’ajoutent à ces trois aliments les fruits à coque (noisette, amandes, noix…), les légumineuses (comme l’arachide), les poissons de mer, les crustacés, le lait de chèvre et de brebis pour les allergies les plus fréquentes. Il faut noter que le risque d'allergie alimentaire est de 10 % lorsqu'aucun des deux parents n'est allergique, qu’il passe à 30 % lorsqu'un des parents est allergique et grimpe à 50 % lorsque les deux parents sont concernés (2).

3 Comment peut-on s’assurer qu’il s’agit véritablement d’une allergie ?

Jocelyne Just : Le diagnostic est parfois difficile. Il faut consulter un allergologue spécialisé en allergie alimentaire. Celui-ci peut vous demander la tenue d'un journal alimentaire où seront notés tous les aliments ingérés afin de l’aiguiller dans ses recherches. Il procédera ensuite à des tests cutanés puis des tests sanguins pour valider son diagnostic.

Bon à savoir

Le remboursement par la Sécurité sociale d'une consultation d’un allergologue est effectué au taux de 70 %, si la consultation est effectuée dans le respect du parcours de soins (patient adressé à l'allergologue par son médecin traitant). La prise en charge de l'assurance maladie est au taux de 100 % pour les patients bénéficiaires de la CMU-C et pour ceux qui consultent dans le cadre de leur affection de longue durée (ALD).

4
Quels sont les facteurs qui expliquent une recrudescence des allergies alimentaires de l'enfant ?

Jocelyne Just : Notre mode de vie actuel explique en partie cette recrudescence. En s’éloignant de la nature et des animaux, nos muqueuses sont devenues plus sensibles et les microbes non pathogènes qui les recouvrent sont devenus moins diversifiés. Par ailleurs, notre alimentation, riche en sucres, en graisses et en produits remaniés incluant de nouveaux allergènes, favorise une hypersensibilité alimentaire. Par exemple, de nombreux produits contiennent aujourd’hui des liants à base de pois, et les allergies à cet ingrédient augmentent.

Besoin d’une couverture santé ?

Avec le contrat Santé de la Macif, faites le bon choix !

5 Comment traite-t-on une allergie alimentaire ?

Jocelyne Just : Le traitement d’une allergie alimentaire repose sur l'éviction absolue de l'aliment responsable. Pour certains aliments comme les œufs, le lait, le blé, cela peut être complexe car on en trouve dans de nombreux produits industriels. Il faut donc apprendre au patient et à sa famille à déchiffrer les étiquettes et à reconnaître les symptômes de l’allergie. L’enfant doit alors avoir avec lui une trousse d’urgence avec un antihistaminique, plus exceptionnellement des corticoïdes, voire de l’adrénaline auto-injectable. Dans certains cas d’allergies sévères ou qui ne guérissent pas seules (comme des allergies au lait, œuf, gluten ou encore à l’arachide), on peut procéder à un travail de désensibilisation dans un centre spécialisé.

6 Certaines allergies disparaissent-elles d'elles-mêmes ?

Jocelyne Just : Oui, presque toutes les allergies au lait et à l’œuf chez le nourrisson disparaissent seules entre 18 mois et deux ans. En revanche, seules 20 % des allergies à l’arachide disparaissent vers l’âge de 6-7 ans. Et certaines vont perdurer et constituer un handicap dans la vie courante.

Quels documents apporter à la crèche ou en milieu scolaire en cas d’allergies ?

Si votre enfant est allergique, vous devez fournir à la crèche ou à l’école un projet d’accueil individualisé (PAI). Il s’agit d’un document écrit par le médecin traitant de l’enfant. Il lui permet d’être accueilli en toute sécurité en bénéficiant de son traitement médicamenteux, de son régime alimentaire ou d’aménagements spécifiques à son cas.

L'Essentiel de l'article
  • Les symptômes d’une allergie alimentaire sont visibles entre 20 minutes et deux heures après l’ingestion de l’aliment en question.
  • Le lait de vache, les œufs et l’arachide figurent parmi les aliments les plus connus pour provoquer une réaction allergique chez les enfants (1).
  • Le risque d'allergie alimentaire est de 10 % lorsqu'aucun des deux parents n'est allergique. Il passe à 30 % lorsqu'un des parents est allergique et grimpe à 50 % lorsque les deux parents sont concernés (2).
Article suivant